mardi 29 août 2017

Amphetamin c’est Sebastian

Amphetamin c’est…



Amphetamin c’est une histoire inconfortable.
Amphetamin c’est une mystérieuse ombre.
Amphetamin c’est une découverte mémorable.
Amphetamin c’est une beauté sombre.

« A FLOOD OF STRANGE SENSATIONS » c’est le titre de l’album.

Mes amis, je vais entrer dans la musique d’Amphetamin pour entendre et voir. Avec mes pauvres mots, je vous décrirai le son, l’ambiance de cet album à la pochette magnifique.

La pochette d’abord. Elle est d’une beauté sombre. Cette beauté sombre qui ne nous quittera pas, nous prépare déjà à une écoute attentive et impatiente. Nous allons échanger quelques mots avec Sebastian pour nous préparer à entrer dans les couloirs étranges et sombres de « A Flood of Strange Sensations ».



Ichigo Samuru : La pochette de l’album est très belle. Qui l’a faite ? Et concevez-vous la pochette et la musique comme un tout ?

Sebastian : Je fais moi même mes pochettes et mes artworks depuis le début (comme le mixage et le mastering), celui-ci n'a pas dérogé à la règle.
En fait je voulais représenter ce côté brut propre à l'album mais aussi y intégrer une certaine sensibilité et un sens (en référence aux textes) en y ajoutant une silhouette, un visage de profil, celui d'une personne qui vit un peu dans sa tête en permanence, se détruit et se reconstruit en permanence tout en se réconfortant dans son art.
Oui, un album pour moi est un tout, j'apporte une importance particulière à la pochette et à l'homogénéité du son, la cohérence de l'ensemble en fait un bel objet et une belle concrétisation lorsqu'on a enfin la "chance" de l'avoir entre nos mains après des heures et des heures de travail. C'est ce qui donne une identité à chaque production, et cela peut même également attirer de nouveaux auditeurs si l'esthétisme leur évoque quelque chose.
Et puis bien sûr, pour les personnes qui me suivent, je pense donc que l'attente en est récompensée !.



I. S. : Comment définissez vous votre musique ?

Sebastian : J'appelle ma musique du Post-Prog' car je mélange beaucoup ces deux genres qui sont le Post-Rock et le Rock Progressif, c'est une appellation récente qui catégorise les groupes qualifiés de "modernes" du rock progressif.
A vrai dire, c'est celui qui je pense me définit le mieux, ce n'est jamais facile de se ranger dans une case car on est inspiré par tellement de choses... Pour ma part, je pioche d'ailleurs pas mal également dans la Cold wave et le Shoegaze.
Si je devais la décrire avec des mots, je dirais que c'est de la musique très axée sur les ambiances avec des touches assez mélancoliques et parfois sombres.



I.S. : Sebastian, de quoi parlez-vous dans vos chansons ?

Sebastian : Je parle de beaucoup de choses dans cet album, il y a tout d'abord pas mal de rage car j'avais beaucoup de sentiments / ressentis à extérioriser, elle est parfois transformée en mélancolie lorsque le désespoir / l'impuissance prend le dessus sur la rage.
Il parle de relations humaines, du comportement humain envers son environnement ou envers lui même, chaque texte est écrit de manière à ce que chaque personne puisse l'interpréter à sa manière et donc se l'approprier avec ses propres images et idées.
La musique reflète bien les textes en mon sens car elle est plus brut, déroutante de par ses détours sans fin mais aussi plus rentre dedans parfois lorsque la haine prend le dessus ou à l'inverse plus douce quand la haine se transforme en mélancolie.



Dès que vous écoutez « A Flood of Strange Sensations » vous voilà en présence d’une âme tourmentée. Mais « Devotion » est un beau tourment. La musique et la voix exceptionnelle de Sebastian nous ravissent. Le son est propre, la musique scintille d’effets sombres et… ravissants. La guitare a une place non négligeable. Soudain la musique démarre, voix légèrement saturée. Amphetamin nous montre sa dévotion torturée jusqu’à une fin.

Nous voilà dans un Rock plus dur avec « The threshold ». Amphetamin se montre plus agressif, d’une agressivité poétique qui sied à la personnalité de Sebastian. Le calme revient dans un passage sublime, toujours dominé par la voix de Sebastian qui laisse ensuite exprimer sa guitare et le Rock musclé refait surface avec des sons de guitare forts surprenant. Pas de monotonie. Le voyage s’avère passionnément sombre mais succulent. Loin de la médiocrité, Amphetamin varie sa chanson. Elle est bien écrite par un musicien vrai.

L’orgue vous accueille dans « Once upon a tree », puis la batterie avec ses cymbales à la juste place, préparent la voix étrangement changeante de Sebastian. Nous sommes captivés, apaisés un instant. Le son clair et un peu agressif de la guitare sublime le tout. A quoi s’attendre avec Amphetamin ? à un passage très différent qui introduit un bien juste solo de guitare. Et la musique repart de plus belle. Une aventure musicale, une ambiance géniale qui vous surprennent jusqu’à cet instant très lourd, très Rock sombre, à l’appel de… l’orgue revient vite et apaise.

L’ambiance du début de « Stranger on an island » nous fait penser à l’Orient. C’est un peu tout le morceau qui tire entre cet Orient mystérieux et une Angleterre (?) de souffrance, de légèreté aussi dans le son de la guitare. Fausse légèreté à vrai dire, répétition avec la voix de Sebastian comme lancinante. Et la basse nous ramène dans la circulation des notes… la pèche arrive, l’attaque. Une attaque bienvenue. Que de richesses ! Nous revoilà vers l’Orient, c’est la fin du morceau.

« Endless nights », un son mécanique, une voix chaude, le fond presque classique, pas de basse qui ronfle et le rythme s’arrête… pour planer un instant. Instant qui annonce une montée en puissance. La musique d’Amphetamin stoppe net… et la montée soudaine en puissance nous ravit. La voix de Sebastian est absolument magnifique. Le tout est splendide, accrocheur, pas banal, un festival de beauté mélodique et forte, puis, arrêt sur guitare. Un moment de calme mélodie douce et puissante.

Petite boîte à musique tu nous accueilles dans « The haunted one », dans les sons ténébreux d’Amphetamin, où la guitare prime comme une menace et cela ne peut attendre : la puissance est là. Voix de tête et forte guitare. Imaginez : un goût de Metal, mais non, nous revoilà dans les sons prestigieux d’Amphetamin, avec un chant précis. La batterie rappelle qu’elle est là, dans le monde d’Amphetamin. On repasse à un son Metal et Rock, Rock/Metal dirons-nous, toujours porté, supporté par la voix exceptionnelle de Sebastian. Nous pouvons nous demander qui supporte qui tant la musique et la voix sont inséparables, pas de discordance, c’est parfait. Ah mes amis ! Ça envoie, je vous le promets. Chez Amphetamin nous allons de surprise en surprise, voyez le son Rock qui suit et la voix qui vous captive. Voyez Amphetamin vivre, plongé dans sa réflexion musicale et verbale… un chant sur son sonore qui revient à un rythme soutenu. Voyez ce Rock. On ne peut pas voir la musique ? Avec ce morceau, oui. La basse nous dit au revoir.

Voilà une entrée en matière pour « Neverland » tout à fait dans l’esprit de ce que nous venons d’entendre jusqu’ici. La voix de tête de Sebastian est très belle. Le volume monte : cette force d’Amphetamin. Un cri, un chant puissant, sur un rythme presque étourdissant pour arriver dans un Rock assez dur. Le rythme est presque émouvant. Etrange moment de puissance et de douceur qui aboutit dans un passage très Prog. Très Prog… gros son. Sur scène cela doit faire de l’effet. Amphetamin nous habitue à des changements de rythme, jusqu’à la fin.

Le ton est donné avec « Favourite doll ». La basse a son rôle prononcé. Sebastian chante en voix de tête. La guitare s’amuse presque, quand la musique prend une autre teinte. Une teinte plus musclée. Nous sommes propulsés, déroutés, admiratifs. Amphetamin a un tel potentiel, il le démontre ici et c’est vraiment vibrant : basse saturée et xylophone. Sebastian démarre un solo de guitare. Un solo appliqué mais qui nous transporte, c’est bon, c’est bien, vas-y Sebastian… oh ! Trop court. La chanson reprend, le rythme soutenu, aucune faiblesse. Gros son surprenant, ah quelle belle surprise ! Cela termine le morceau d’une belle manière, un morceau trop court, trop beau. On n’en demande toujours trop.

Batterie, basse, le cadre est bien posé pour « Thoughts in the waters ». La guitare s’infiltre, ainsi que les synthés. Il ne nous reste qu’à découvrir. Nous sommes invités à l’écoute de la voix de Sebastian : grave pour cette entrée, suivie d’une attaque un peu plus ferme et la voix de tête qui raisonne, laissant la place à sa guitare : petit air mélodique de toute beauté sombre. La chanson s’élève, la rythmique assure et la guitare envoie : ça déménage. Un vrai plaisir. On ne peut pas s’attendre à beaucoup mieux, quand, d’un coup, le son de la guitare donne une couleur plus… ah zut ! Le morceau est déjà terminé. Quand je vous disais que « c’est trop court ». Amphetamin c’est la beauté sombre.

Tiens du John Cage ? Mais non c’est « Ghostly place », d’Amphetamin, suis-je bête. Le bruit et la personne qui courrait m’ont surpris. Mais la surprise est aussi courte que ce passage qui fait penser au maître cité. Cela attaque ferme. Pas de quartier pour nos oreilles qui n’ont pas le temps de remarquer une faille. De toute façon, il n’y en a pas. La musique englobe l’espace. Le son se laisse élargir… le rythme de la basse et la voix de Sebastian sont étranges pour nous rejoindre dans ce plaisir musical. Cette richesse sonore est d’une subtilité ! Il faut que je cesse les compliments. Mais c’est impossible, la guitare et la voix de Sebastian vous en empêchent.

Dernier morceau : « Different colours of wars » qui s’avère être une entrée spécialité Amphetamin. Et la suite, nous nous demandons : « Suis-je bien sur terre ? » oui, la puissance de la musique nous plaque au sol. La voix est là, Amphetamin ne plie pas le dos. Comme il est bon d’entendre un tel morceau. Là c’est du costaud, c’est du Rock de qualité. Le dernier des 11 n’est pas le plus petit. Il a la saveur des autres avec ses changements de rythme. Il y a comme un concept, de pointe, sur rythme soutenu. La batterie assure. Ce sont vraiment quelques sons impressionnants de qualité, de sobriété recherchée… un immense talent méconnu. Ah que ça déménage les amis ! L’ambiance, la guitare, l’œuvre : Œuvre d’art. Œuvre d’artiste sombre et doux, sombre et Rock. Le final est à la hauteur.

Voilà, c’est fini. Comme je vous l’avais prévenu, j’ai écris ce que j’entendais. Comme pour dire la musique d’Amphetamin par les mots. Mes mots si faibles pour raconter un album d’une qualité irréprochable. Quoi ? N’y a-t-il pas quelques critiques négatives à dire ? Oui sur le livret où les textes sont difficiles à lire et une petite correction à faire. N’oublions pas que Sebastian a fait cela tout seul. Côté musique peut-être, mais pas pour moi. Cela me suffit. J’ai entendu et vu la beauté sombre d’Amphetamin. Amphetamin c’est Sebastian.



Crédit photos: Florian Laval, Facebook de Sabestian. 


Ichigo Samuru


vendredi 25 août 2017

Un MONSIEUR tellement instinctif

MONSIEUR : SIR



Lorsque vous rencontrez MONSIEUR, vous voilà d’abord en présence d’une voix, que dis-je d’une voix, de plusieurs voix belles et chaleureuses. Nous avons fait le tour de cet album de qualité. Un album qui commence par une chanson en anglais « A Part of History ».

MONSIEUR commence en douceur. Il faut dire que c’est un MONSIEUR avec une grande classe, une vraie gentillesse. MONSIEUR swing, MONSIEUR jazz, MONSIEUR soul, le tout : franc, clair, précis, propre… qui donne envie d’écouter. Le morceau est un peu court… enfin, il semble un peu court, ce qui est plutôt bon signe pour la suite. Car aller à la rencontre de ce MONSIEUR, un vrai SIR, ce n’est pas désagréable du tout. Et les cuivres, wouah les cuivres !!! Mais non, non, non, ne comptez pas sur moi pour tout vous dire, non mais ! Moi aussi je suis un Monsieur, enfin, oui, il me semble… une part d’histoire.

Une petite remarque pour la suite de l’écoute de « SIR », en général MONSIEUR aborde des sujets plus sociaux quand il pousse la chansonnette en anglais.

De l’anglais on en vient au français et MONSIEUR prend sa guitare pour une chanson où MONSIEUR, dans un style pop, folk, blues, s’adresse à quelqu’un : « Montre-moi ». Ce quelqu’un ne semble pas très sympathique : Profiteur ? Promesse pas tenue ? Quelqu’un qui regarde tout le monde de haut ? Quelqu’un que je vais vous laisser découvrir. MONSIEUR à de drôles d’oiseaux comme amis et cela lui donne un touché de guitare perfecto et une belle chanson… un peu amer. Mais n’aimez-vous pas l’amertume ? Un peu au moins, non ? Oui ? Oui bien sûr.

MONSIEUR est peu commun. Il passe d’un sujet à l’autre. Sujets qui n’on rien à voir en apparence… méfions-nous des apparences. MONSIEUR nous transporte dans un monde où la machine remplace l’homme de plus en plus. Pourquoi pas un « Robot Fucker » ? Pas besoin de vous faire un dessin. (Lisez le comics « CASANOVA » édité chez Urban Comics, Collection Urban Indies). MONSIEUR donne le rythme funky, avec une basse qui maintient le groove et la guitare : wouah, cela donnerait envie de danser, mais le titre est tragicomique en finalité. « Robot Fucker », un petit bijou de musique avec cette guitare très jazzy et la voix soul de MONSIEUR en duo avec lui-même. Une perle je vous dis… On pourrait presque penser entendre un morceau de Dweezil Zappa. En tous les cas cela lui plairait sûrement. Oups ! Je n’aime pas trop faire des comparaisons, ce n’est pas trop mon truc… Un final à capella, un bijou, j’vous dis.

MONSIEUR a tout un univers, un vinyle qui grésille, c’est « Un souvenir lointain », une histoire d’amour qui ne fait plus d’effet, alors MONSIEUR l’exprime avec la même force qu’a été la douleur de sa rupture. Comme quoi l’amour entre deux êtres est quelque chose de… je m’arrête, je ne suis pas là pour donner des cours de couples.



Si la blessure de MONSIEUR est guérie, il ne faudrait pas que cela recommence. « Je ne t’échangerai pas » ! Il n’y a pas de partage, l’amour est unique. Et là, mes amis, MONSIEUR résiste avec rythme, toujours soul et jazzy. MONSIEUR ne demande pas grand-chose, il est charmant : charmant et ferme. Et ses capacités vocales, son talent de multi instrumentiste nous sont étalés dans une sobriété : celle d’un MONSIEUR et non pas d’un rustre. MONSIEUR n’échangera pas celle qu’il aime et qui lui fait tant d’effet. C’est beau.

MONSIEUR a bel et bien son univers et voilà qu’il nous entraîne dans un morceau d’électro. Il semble que MONSIEUR ait gardé sa belle et les voilà bien joyeux. Mais est-ce vraiment le cas ? Ou cette femme n’est-elle pas une « Intelligence artificielle » ? Un Robot Fucker perfectionné comme dans le comics « CASANOVA » ? Il ne me semble pas ; j’ai entendu la voix d’un bébé. Il n’y a donc pas de robot, puisque MONSIEUR s’accompagne à la guitare dans ce morceau entraînant et joyeux. Joyeux : est-ce le mot ? Je me pose la question quand soudain le voyage électro s’arrête dans l’espace, l’espace temps, l’infini ?

Le son clair de la guitare de MONSIEUR, nous emmène maintenant dans une ballade agréable « Inside of Me », plutôt folk/country. Mon faible anglais ne pourra vous dire quoi que ce soit sur les paroles de cette bien jolie... Eh, eh, comme cela pas de spoiler. Vous découvrirez « Inside of me ». Je me demande si Bob Dylan aurait méprisé ce beau morceau aux effets sonores surprenants vers la fin ? Non il aurait apprécié. Comment je le sais ? Eh bien c’est ainsi.

Retour au français, « Â ton ouille ». Guitare précise, percus claires, nous voilà partis dans une chanson d’amour. Affaire de pirates, de bijoux, de bottes en caoutchouc… Ah l’amour ! MONSIEUR nous met en garde ; la liberté. Ah la liberté ! Une chanson à bien écouter et à bien interpréter. Je l’avoue, elle n’est pas facile. A part le joli petit morceau d’orgue, MONSIEUR reste avec sa guitare sur une certaine retenue, une rythmique imparable et une voix qui nous émerveille tant elle n’est pas un leurre.

« Une première fois de plus ». Guitare claire, précise, rythmique soul, les voix de MONSIEUR. Chanson un peu chaude où « tous peuvent se retrouver » (MONSIEUR). L’orgue derrière est très agréable. Ah l’amour, eh oui encore, je ne l’écrirai pas assez. Mais, mais car il y a un mais, je ne vais pas vous décrire cette chanson, vous la découvrirez et la réécouterez comme une première fois… de plus. Enfin il y a chez MONSIEUR, ici, un souci de précision, tant dans la musique que dans les paroles qui laissent l’auditeur… pensif ? Oui pourquoi pas ?

Batterie à l’accueil, piano, nous revenons à l’anglais : « The Devil’s Insight ». Une chanson qui nous permet de découvrir les qualités vocales de MONSIEUR. Ce morceau est vraiment cool. Le garder pour la fin de ce bel album, cela nous montre l’intelligence de MONSIEUR. Son goût artistique, son amour de la précision. La musique, toutes les voix sont posées de manière à que tout s’entende. L’orgue nous ramène quelques peu dans le passé mais ce n’est pas grave, au contraire. On se laisse séduire par le son parfait, par la composition simple (simple ne veut pas dire facile) et précise…

C’est fini. Un album de qualité qui se termine par « la perspicacité du diable » (l’une des traductions que j’ai trouvée. Mais en poésie ???), voilà qui donne envie de comprendre toutes les paroles de cette dernière chanson in english, même si moins on parle du diable mieux c’est… en tous les cas jamais à la légère. Ah c’est qu’il faut faire attention avec certains noms.

Et voilà MONSIEUR qui nous quitte. Au fait, puisqu’on parle de noms. MONSIEUR, drôle de nom ne trouvez-vous pas ? Que veut dire ce nom pour le moins mystérieux ? Je vous sais soudain attentif dans votre lecture.



INTERVIEW DE MONSIEUR


Nous voilà dans une rencontre nouvelle. Oui, c’est vraiment surprenant, à chaque fois enrichissant… flippant aussi. Oui car qu’est-ce que je vais demander à ce MONSIEUR ? Il faut bien y penser, pour ne pas me faire passer pour un drôle. Car vous savez, je ne sais pas s’il en existe encore beaucoup aujourd’hui des MONSIEUR. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai préparé cet interview qui ira avec la chronique de son album dont le titre « SIR » ne m’a pas plus rassuré.

Alors je me suis dit, qu’est ce qu’un MONSIEUR ? J’ai cherché sur Internet et j’ai trouvé cette définition qui m’a plus et qui me semble bien aller à notre musicien : « MONSIEUR sert aussi à désigner Tout homme dont le langage et les manières annoncent quelques éducations » (Académie 8e édition).

Donc c’est clair, l’interview de MONSIEUR sera toute dans la retenue, je ne rencontre pas un hard rockeur ou un punk, non, mais un MONSIEUR. Je me prépare, méditant, réfléchissant, essayant de me rappeler les bases les plus simples de la courtoisie et de la bienséance, bon ça va, cela ne va pas être trop difficile, car l’interview a lieu au téléphone.



Voyons si cette citation de Pascal Quignard colle à notre artiste :

« Que cherchez-vous Monsieur, dans la musique ?
  • Je cherche les regrets et les pleurs »

Ichigo Samuru : Bonjour MONSIEUR, cette première question est obligatoire pour tout artiste interviewé : Si un handicapé ou un malade atteint d’une maladie grave vous dit que votre musique lui fait un grand bien, qu’est-ce que cela vous fait ?

MONSIEUR : C’est le plus beau cadeau de procurer avec la musique ce plaisir-là. C’est génial.

I.S. : Comment définissez-vous votre musique ?

M. : Ce n’est pas évident, j’ai énormément d’influences. La vraie rencontre c’est Prince et aussi Michael Jackson, Stevie Wonder. Puis le Rock : les Beatles, David Bowie et d’autres musiques.

I.S. : Vous êtes musicien depuis quel âge ? Et depuis quand composez-vous ?

M. : J’ai appris à 5 ans le piano. Au bout de deux ans, j’avais envie de faire autre chose. Puis j’ai mixé grâce à un ami. J’ai découvert Prince. J’ai commencé à joué de la guitare à 11 ans, composer à 13 ans et fait mon premier album à 17 ans. Album qui n’est jamais sorti. Des maisons de disques m’ont reçu, ils ont été marqués par mes influences. Le premier album de MONSIEUR est sorti en 2005, là c’est devenu professionnel.

I.S. : Vous êtes ingénieur du son. Est-ce que vous pratiquez encore ce travail ?

M. : Je ne suis plus ingénieur du son, j’ai fait des études de son, puis je suis entré dans une grande maison, ce qui m’a permis d’enregistrer mes albums.

I.S. : Pourquoi faites-vous de la musique ?

M. : Ce n’est pas réfléchi, c’est un besoin vital. Albert Cohen dit : « Je fais des livres comme le pommier fait des pommes. » Je compose en permanence.

I.S. : Pour qui faites-vous de la musique ?

M. : Pour tout le monde. Je n’aime pas cibler une tranche d’âge.



I.S. : Nous allons parler de votre album « SIR » mais d’abord cette question : Combien d’albums avez-vous enregistrés avant « SIR » ?

M. : Mes albums sont les suivants : « Bientôt chez-vous », « MONSIEUR », « Lost in the Supermarket » (EP), « 2021 » et « SIR ». Sur Internet « MONSIEUR » est divisé en deux : « MONSIEUR » et « La suite ».

I.S. : Où peut-on les trouver ?

M. : On peut les trouver sur toutes les plateformes : Itunes, Spotify, Deezer, sous le nom de MONSIEUR.

I.S. : « SIR » est un album en partie en français en partie en anglais, pourquoi ?

M. : Le premier album était tout en anglais à cause des influences. Après il y a eu un parcours du combattant. Ensuite on m’a encouragé à écrire en français. J’ai pu le faire avec « 2021 » et pour « SIR ». Si la chanson je la sens en français, je la fais en français, idem pour l’anglais. Cela doit rester instinctif.

I.S. : Les chansons en français : une est assez chaude, une autre est assez, comment dire : « gore » style humour british, une autre parle d’un homme que ne veut pas perdre sa copine. Aimez-vous ainsi chanter l’amour ?

M. : Oui, c’est un thème qui revient souvent en français, « Montre moi » est plus de société. L’amour revient souvent.



I.S. : A qui parlez-vous dans vos chansons ?

M. : Ça dépend. Ce sont des souvenirs ou du présent. On a tous le souvenir d’un premier amour. Ce premier amour ne changerait rien à notre vie aujourd’hui, si le pire arrivait. Le but de mes chansons est que tout le monde s’identifie.

I.S. : Les chansons en anglais, de quoi parlent-elles ?

M. : Cela dépend. La première chanson parle du rassemblement après l’attentat de Charlie Hebdo : combattre pour garder notre liberté.
« Robot Fucker » parle des robots qui envahissent de plus en plus notre société. Ce robot rend des services qui prête à sourire.
Une autre chanson est métaphysique.
Dans l’album « 2021 », en anglais, ce sont des paroles de science-fiction.

I.S. : Un morceau est de l’Electro de bonne facture. Qu’est-ce qui vous plait dans ce genre musical ?

M. : Avec l’Electro on peut varier les sons. L’Electro permet une palette extraordinaire.

I.S. : Etes-vous pleinement satisfait de « SIR » ?

M. : Oui. J’ai du mal à me réécouter. J’ai tendance à passer à autre chose. On fait la musique pour les autres.



I.S. : Passons à vos talents divers et certains. Votre voix, vos voix devrais-je dire, d’où viennent-elles ? Car vous avez une voix rare.

M. : C’est naturel. J’étais dans une chorale. Nous chantions des chants religieux. J’étais soliste soprano.

I.S. : Votre instrument principal est la guitare. Est-ce exact ?

M. : Oui. La guitare, j’ai composé avec. Sur « 2021 », pour me renouveler, j’ai du composer au clavier, afin de chercher des sons. Je compose aussi au piano. On compose différemment au piano qu’à la guitare.

I.S. : Dans « SIR » on entend à la fin de « Robot Fucker » un solo de guitare. Vous nous donnez envie d’en entendre plus. Pourquoi si peu ?

M. : C’est pas moi qui joue ce solo de guitare, c’est un invité : Olivier Rateau.

I.S. : C’est dans votre studio que vous fabriquez vos morceaux. Comment composez-vous ? Qu’est-ce qui vous inspire tant pour la musique que pour les textes ?

M. : Cela dépend. Je gratte des accords parfois au salon. Le meilleur est quand il y a enfin tout le morceau. Après il y a le studio où j’ajoute les instruments. Le studio devient un instrument. Tout est tellement instinctif.

I.S. : Composez-vous en vue de la scène ?

M. : Il y a des chansons qui demandent plus de moyens pour la scène. Mon deuxième album était pour la scène. « 2021 » serait un album difficile à jouer sur scène. Cela dépend, il faut y penser.

I.S. : Sur scène, vous êtes deux : vous et votre batteur Emmanuel Demangeons. Que vous procure la scène ?

M. : Question difficile... au début du trac, puis je me sens bien, je vois les réactions du public.
Il y a une période en studio, où l’on brûle de monter sur scène. J’ai bien envie de jouer les morceaux sur scène avant de les enregistrer.

I.S. : Quel est votre état après le concert ?

M. : Après le concert ; Je suis content d’aller à la rencontre du public. Je ne pars pas dans les loges, je préfère parler avec les gens tant que cela est possible. Il y a, à ce moment, une excitation.

I.S. : Sur scène, rejouez-vous votre album en entier ?

M. : Non, je fais un mélange en entier.

I.S. : Vous arrive-t-il d’improviser ?

M. : Non. Cela viendra peut-être. J’improvise à la voix en ajoutant des scats, des acrobaties vocales.

I.S. : Qu’est-ce que vous voulez qu’on retienne de MONSIEUR ?

M. : Que les gens oublient tout lors du concert, qu’ils soient dans une bulle, aient passé un bon moment en oubliant leurs soucis. Qu’ils se souviennent d’avoir été dans une bulle musicale, protégés.



I.S. : MONSIEUR, dites-nous, en deux mots :

  • Emmanuel Demangeons

M. : Ami, super bateur.

I.S. : Hum cela fait trois, mais j’accepte (rire). En deux mots :

  • Alexandre Dumont

M. : Manager bienveillant.

I.S. : En deux mots :

  • Serge Gainsbourg

M. : Poésie, compositeur.

I.S. : Et en deux mots :

  • Prince

M. : Révélation, musicien absolu.

I.S. : Ah encore trois mots, mais je les accepte, bien évidemment. Eh bien MONSIEUR, je vous remercie et vous laisse conclure cette interview.

M. : Les gens peuvent trouver l’album « SIR » sur Itunes, Deezer, Spotify et Qobuz.
Voilà un moment passé avec MONSIEUR, trouvez-vous que la citation de Pascal Quignard sied à MONSIEUR ? Pour ma part, je ne saurais dire en toute vérité, mais celle-ci oui, ne trouvez-vous pas ? Et je vous dis au revoir avec :

« Ah ! Monsieur, on ne se méfiera jamais assez de la poésie » (Marcel Aymé)



Crédits photos: Alexandre Dumont, Facebook de Monsieur. 

https://www.facebook.com/monsieurofficial/

Ichigo Samuru

jeudi 10 août 2017

PETOSAURE est un Docile Ami

Le Fantôme de l’Enfant par Petosaure




Petosaure qu’est-ce donc pour un animal fantastique ? Ou alors est-ce un nouveau groupe de Metal ? du lourd, qui envoie qui écorche… à voir la pochette. Une pochette d’album qui dérange nos petites certitudes, une pochette qui nous dit : « Vous entrez dans le monde qui n’est plus celui-là, lorsque tu auras écouté l’album en entier... ou pas ». Qui n’est plus celui-là, car la fin n’est pas encore là, ni un autre monde, pas encore, peut-être pas celui que veut Petosaure.

Ne soyons pas peureux ouvrons la porte, avez-vous peur des fantômes, du fantôme de l’enfant ? Une douce musique vous accueil, courte mais drôlement efficace, car elle rassure après le choc du visage, le visage de l’enfant fantôme. Une rose et un revolver… Qui dira ce qu’ils font ici et là ? Pas l’ombre de Bernard Lavilliers que l’on croit apercevoir tout au long de la visite. Et de morceau en morceau nous entendons des chansons empreintes de douceur violente. Ce n’est pas du Metal, même si nous rencontrons soudain la gorge du diable parfois sournois, c’est du doux Metal… cela n’existe pas ? Non mais comment dire autrement cette douceur métallique, cette musique un peu électronique par moment, classique aussi avec une fin surprenante que nous reverrons plus tard... il n’y a pas que le fantôme de l’enfant, il y a des ombres.

Le Love viseur nous fait voir qu’a travers les textes de Petosaure, nous semble vibrer la poésie qui nous attire en avant, qui n’est pas négative, ni positive d’ailleurs. Petosaure n’a pas de message à faire passer, il chante la vie, l’amour la mort, la destruction de ce monde invivable, « inaimable », invivable en vrai, au fond. En pénétrant dans la maison de l’enfant fantôme, dans l’univers (décalé forcément) de Petosaure, nous nous sentons bien, les notes volent virevoltes, les percussions aussi : charmants morceaux musicaux... chante, chante, chante.

Petosaure n’a pas la clé de Sion, c’est pour cela qu’il dit qu’il n’a rien n’à dire, pas de message, pas de revendication. Ben quoi, il chante cette non vie, tel un troubadour, afin que l’on écoute en n’en ressortant un peu différent… ou pas. Il révise la cigale et la fourmi vue comme une pute. Il y a quand même un message, eh oui. Le fantôme de l’enfant hante cette maison Petosaure. La fourmi est une pute, la société de consommation n’est-elle pas autre chose ? Elle qui tue l’enfance ? la poésie ? la musique ? C’est ainsi que je comprends Petosaure. Il veut détruire ce monde, mais pas en hurlant des slogans qui disparaissent aussi vite qu’ils sont venus. Je ne pense pas que dans cette maison à 10 pièces vous trouverez un Rockeur décoré de la légion d’honneur, une telle fumisterie n’est pas dans la musique de Petosaure. L’artiste poétique est droit. Il ne fait pas le chanteur pour faire le chanteur, ces chansons sont belles, envoûtantes, nous pourrions y trouver des comparaisons, mais à quoi bon, juste savoir que le jazz s’y cache.

Ces éléments devraient vous encourager à écouter cet album incontournable. Seul au monde, sur la plage, ou vous voulez finalement, vous allez vous régaler d’un vrai artiste, un artiste qui n’a pas peur d’être. Ce qui devient rare. Un artiste qui ne pense pas à devenir un géant qui ne se voit même plus les pieds et écrase son voisinage, alors s’il y arrive il voudra rapetisser… ou pas. Que savoir de ce grand auteur compositeur, interprète. Voyez, j’ai utilisé le mot grand. C’est un grand… ou pas. C’est un grand… ou pas. Oui c’est un grand. Un Petosaure cela ne peut pas être petit, c’est ridicule, et quand nous avons avec une grande délectation sonore écouté les dix petites pièces de Petosaure on dit encore.


J’aime bien le Roiseau que l’on croise dans l’une des pièces. C’est beau un Roiseau, c’est très jazzy et nous voilà dans la jungle musicale de Petosaure, tellement d’idées à gravir, un tel univers bouleversant, dérangeant, intéressant, florissant, émouvant, reposant… la fin d’un monde inutile ? L’ambiance nous laisse dans une situation de réflexion… ou pas. Et le son électronique nous ramène dans la dernière pièce ou la docile amie qui s’y trouve depuis bien des années, plus de 50 ans… ou pas. Il paraît que l’on vivra deux cents ans ? Allez savoir dans la maison de Petosaure, hantée par le fantôme de l’enfant, et soudain un final, quel final qui nous reconduit à la porte de sortie, mais c’est grandiose : comme un souvenir d’un solo de Ponty sur King Kong, un souvenir seulement … ombre bienveillante qui nous raccompagne et c’est terminé… trop tôt. Il y a bien des choses étranges dans la maison de l’Enfant Fantôme, venez amateurs de musique, de chansons vraies, venez osez entrer, personne ne vous fera du mal… on s’y sent bien. Petosaure est un docile ami.

© D.R.

PETOSAURE A LA QUESTION

PETOSAURE, un nom qui sonne fort. Un nom dont l’origine semble prestigieuse. Ce qui fait dire à mon
généraliste : « Pétosaure est un prince ». Cela va bien à notre personnage, mais un prince humain,
profondément humain, tourmenté, aimant. Un artiste intéressant, attachant, vrai, sensible. Il est le leader du groupe qui porte son nom. PETOSAURE a sorti un album absolument magnifique (je risque de le répéter dans cet article, tellement que c’est vrai) « Le fantôme de l’enfant ». Un enfant quel enfant ? L’enfant Pétosaure qui écoutait Maurice Chevalier ? Peut-être. Nous ne chercherons pas à entrer dans l’intimité de Pétosaure, c’est sa vie, son monde, dont il nous dira ce qu’il veut plus bas.

L’avis sur cet album rare, je l’ai déjà donné dans ma chronique, donc je ne vais pas revenir dessus. Le but de cet article est de connaître le groupe PETOSAURE. Malheureusement je n’ai pas pu interviewer l’un des musiciens, Meunier qui joue de plusieurs instruments dont la guitare. Alors j’en profite pour lui dire toute mon affection et que j’espère qu’un jour, s’il le veut, nous aurons un entretien. Il faut toujours respecter les artistes. Nous, les chroniqueurs, ne sommes que des serviteurs de la musique et des musiciens. La musique nous fait du bien. Non ? Alors nous n’avons pas à nous prendre pour ce que nous ne sommes pas.

Nous allons donc maintenant entrer dans l’antre de PETOSAURE, découvrir ces musiciens de génie, qui n’hésitent pas un instant à jouer de la musique, car nous verrons c’est leur vie. Ils ne font qu’un avec. Ce qui m’a touché d’abord avec Pétosaure et Krispy Krust ou Don Coco, c’est leur gentillesse, leur douceur, leur patience à mon égard. Dès le départ « Je ne vous dérange pas, votre santé... » Quelle attention !
Alors que je suis encore qu’un inconnu. Nous voyons déjà la marque de ce qui fait les grands, cet amour pour l’autre, sans faire semblant. Voilà ma première impression qui se confirmera tout au long de l’interview. Allons-y :

Cette première question est obligatoire à tout artiste interviewé : Un malade souffrant d’une sévère maladie vous dit : « Votre musique apaise mes maux », qu’est ce que cela vous fait ?

C’est difficile de répondre. Cela m’émeu, c’est un thème important, c’est la raison principale du pourquoi je fais de la musique. Si je fais de la musique c’est une manière de m’envoler et de partir avec ceux qui sont dans leur chambre d’hôpital.

Vous venez de répondre à « pourquoi faites-vous de la musique », en dehors des malades dont nous venons de parler, pour qui faites-vous de la musique ?

Pour qui ? Pour les amoureux.

Votre musique nous transporte dans un monde particulier. Ce monde correspond-il à Pétosaure
seulement ? Correspond-il aussi à Meunier (Capitaine fantôme) et à « la brute épaisse » Krispy Krust (Don Coco) ?

Oui, je suis entouré de personnes avec qui je travaille depuis très longtemps. J’ai toujours
aimé voir la lumière quand je suis sur le bateau. Ils sont dans mon monde. Ce projet reste un souffle d’espoir.

Pétosaure, alors pouvez-vous dire tous les trois que vous jouez la musique qui vous plait ?

On a des liens humainement parlant. On aime ce projet, chacun se représente dans ce projet.

Comment composez-vous ? Pétosaure, vous composez seul ?

Je compose uniquement seul. Je suis rarement accompagné de quelqu'un. J’ai besoin de
m’éloigner de tout. Je bois, je prends du c....s . J’arrive à me retrouver justement quand je me perds.



Votre premier album est une merveille. Je l’ai visité comme une maison hantée, avec des ombres. A
la fin on en redemande : dix pièces, ce n’est pas assez. Pensez-vous enregistrer un nouvel album ?

Une maison hantée avec dix pièces ? Je laisse libre d’interprétation. J’offre un monde qui
prendra la forme qu’il voudra. Oui, il laisse sur sa faim. J’ai besoin de faire des choses extrêmes. Quand j’aime, c’est à faire exploser mon cœur.
J’ai déjà commencé d’enregistrer en vue d’un deuxième album. Je viens du Metal et on partait très loin, très vite. J’ai vieilli, je me retrouve à faire vivre un album. Je compose tout le temps, ce qui fait que je me couche vers minuit – 1 heure du matin. Mais la plupart des mélodies sont dans ma tête depuis 10 – 15 ans.
La suite arrive très vite, mais quelque chose avec plus de colère, plus d’agressivité, plus d’amour, un peu personnel. Cela donnera un album plus profond, plus tentaculaire. Je ne sortirai pas un album qui ne me plait pas entièrement.

Voyez-vous PETOSAURE sur un long terme ?

Plus le temps passe, plus je me rends compte que la musique va être nécessaire. Je ne trouve
pas de l’amour dans les autres domaines. J’écris de la musique si j’arrive à atteindre du monde, si je peux vivre de ça, et en faire profiter les autres, alors oui. J’ai envie d’offrir une vie à cette musique, sortir des albums différents. J’ai envie de voir les choses changer dans cette société. Ce que je peux faire c’est de la musique, je serais peut-être utile en donnant des choses à aimer.

Former un groupe n’est pas évident. D'après ce que j’ai pu lire, cela a été pour vous une évidence,
est-ce vrai ? Et la formule de trois, vous convient-elle ou envisagez-vous d’agrandir le groupe?

Le trio, cette forme nous permet d’émerger. J’aimerais monter un spectacle sur scène avec des
chœurs, des saxos, flûtistes... accéder à la liberté et à la musique avec d’autres personnes. Ce qui m’en empêche, c’est une histoire de finances.

Photo Valentin Nauton

Comment se passent les enregistrements ? Jouez-vous avec exactitude ce que vous avez répété
pendant des heures ?

Nous ne pouvons répéter qu’une fois ou deux. On se connaît, on s’écoute : pas un instrument
ne peut se passer de l’autre. Il y a un sentiment fraternel qui naît entre nous, on peut jouer 24 heures ensemble, les ressentir. Mais une seule répète suffit pour se rassurer. On se retrouve sur l’intensité, une dose de travail courte mais intense.

Et sur scène, comment cela se passe-t-il ? Rejouez-vous l’album en restant fidèle à la moindre note
ou alors vous vous lâchez et improvisez par moment ?

Cela dépend de la compo. Le but est de faire plaisir aux gens qui s’investissent. Je n’impose
rien de définitif. Je reste attaché à une ligne, mais je me laisse aller à l’impro, elle se transforme à chaque fois. Sur scène on cherche autre chose.

Jusqu'à quel point vous autorisez-vous d’improviser ?

Les limites de mes capacités. Je me découvre et je ne me fais pas confiance, je suis courageux
et timide. Lorsque je suis sur scène, je ne suis pas la même personne que dans la vie de tous les jours. On fait de la musique avec honnêteté et sincérité. Dans la vie de tous les jours, je suis une personne avec beaucoup de cynisme. Je vais apprendre à me connaître. Je cherche encore. Quand je serai en phase avec moi-même, j’irai plus loin.

Tout le monde est-il invité à voir PETOSAURE, ou est-ce seulement réservé à une sorte d’élite ? 

Une élite ? Cela me ferait de la peine. Je ne le souhaite pas. Je pense que la musique doit
refléter un état d’esprit propre. Certains seront attirés parce qu’ils sont voyeurs. Tout le monde peut se retrouver dans ce projet. L’image que j’aimerais véhiculer est celle-ci : « Regardez je fais ce qui me plait et je suis heureux ». En fait j’aimerais arriver à faire vivre beaucoup de gens par l’amour.

Que vous apporte la scène ?

La scène m’apporte une délivrance, c’est aussi une ouverture aux autres, une mise à nu :
accepter d’être une bête de foire et parfois un animal sacré.

Vous laissez-vous influencer par l’attitude du public ?

J’ai l’impression de ne pas avoir regardé le public. Ce qui m’intéresse c’est de voir les
visages. Je porte des lunettes noires c’est pour cela. J’aime voir les lèvres bouger, chanter mes chansons. J’essaie donc de voir, de les emmener avec moi. Chaque concert passe tellement vite, est tellement fort qu’à la fin il ne me reste que le souvenir de quelques expressions sur des visages.

S’il n’y avait que deux personnes dans la salle est-ce que vous joueriez comme si elle était pleine ?

Oui, je ne rate pas une occasion. Je suis là pour jouer car j’aime chanter. Je ferai le meilleur
concert. J’ai fait du Metal, cela nous est arrivé d’avoir des salles vides, mais cela ne nous a jamais empêché de jouer.

Quels genres de salles aimez-vous ? Le Stade de France, est-ce un rêve ?

J’aime les salles intimes qui ont une âme. Le Stade de France ne l’est pas. Je ne suis pas
rebuté par une salle étriquée. J’aime les salles avec un passif, une gueule.

Seriez-vous prêt à faire un tour du monde en faisant que des petites salles et ceci dans toutes sortes
de pays ? (Là je lui explique ce qu’à fait Marco Zappa Trio l’année passée, jouant même avec des artistes locaux).

Oui, le but pour moi est de faire un voyage. Ce qui compte pour moi c’est de partir sur les
routes. On y rencontre des gens, des lieux. Le voyage est important et nécessaire et aller à la rencontre des gens avec sa musique. J’adore la route que je préfère aux destinations.

PETOSAURE me donne l’impression d’être prêt à toutes sortes d’expériences musicales. Qu’en
pensez-vous ?

Oui c’est vrai, je ne veux pas m’enfermer. La musique c’est fait pour changer tout le temps :
gammes, rythmique, chercher à trouver des sons.

Photo Valentin Nauton

Vos écoutants (c’est comme cela que j’appelle ceux qui écoutent de la musique et je n’aime pas le
mot « fan ») doivent-ils s’attendre à vraiment de grands changements, un peu comme UFO entre leurs premiers albums « progressifs » et les suivants qui étaient du Heavy Metal ?

J’aime le changement d’attitude, les formes changent, mais les gens ne se perdront pas. Je n’ai pas comme but de perdre les gens. Je serai... je ne produirai pas de musique intrinsèquement différente, mais je lui donnerai des aspects très changeants.

PETOSAURE est-il un groupe prêt à faire des duos ?

C’est déjà le cas sur « Le fantôme de l’enfant », il est chanté par un chanteur invité Weerdo et aussi par Jaky. Dernièrement je suis allé trouver Anosmiac ,un ancien guitariste de groupe de métal que l'on connaissait à l'époque qui fait aujourd'hui de la musique electro à Besançon et je chante sur le morceau de son nouveau projet. Dans le prochain album, il y aura des rencontres.

Et tout un album avec un autre groupe comme l’on fait Bo Ningen et Savages ?

Cela pourrait se produire.

Revenons à la scène. Quel est votre état d’esprit avant de monter sur scène ?

Je suis terrifié, j’ai le trac.

Et pendant le concert ?

Un monstre, une bête de foire volontaire. Il y a beaucoup de jeux, j’ai beau jouer des rôles, je
me cache en fait.

Et enfin après le concert ?

Épuisement. Il faut vite que je m’écarte du monde.

Comment conciliez-vous votre vie de tous les jours et PETOSAURE ?

Difficilement. Heureusement ma banquière me couve, elle me prend comme un fils. J’aime
profiter de la vie. Les choses tourneront pour le mieux quand il le faudra.

Les événements qui vous entourent, qu’ils soient grands ou petits, influencent-ils PETOSAURE ?
Jusqu'à quel point ?

Évidemment ils influencent ma musique. Je ne représente aucune forme de politique. Ce que je
recherche c’est de grandir, accompagner les Hommes durant leur vie. J’ai envie de créer leur peine et de les consoler.

Etes-vous sensibles aux remarques de vos écoutants et peuvent-elles influencer votre musique ou
vos textes ?

Extrêmement. Je suis en remise en question permanente. Je suis fidèle à mes intuitions. Il faut
s’écouter, il y a quelque chose qui crie : Il faut toujours écouter la plainte.
Si je devais être influencé, c’est parce que je serais touché par cette personne. J’ai du mal à écouter les gens. Je suis particulièrement têtu.

Que voudriez-vous que l’on retienne de PETOSAURE ?

C’est l’amour du changement, la force du bouleversement et le risque. L’ordre des choses
n’existe pas. Les choses ne doivent pas être faciles. Le chemin doit être dur, plein de bonnes et mauvaises surprises. Je me donnerai tous les moyens pour arriver parce que je suis vivant et que j’ai une passion.

Photo Valentin Nauton

Pétosaure, dernières questions courtes. En deux mots : Jaky La Brune.

Histoire d’amour.

En deux mots Nicolas Ker.

Énigme volatile

En deux mots Alexandre Dumont.

Providence fortuite.

Les deux artistes que vous préférez ?

Charles Trenet. Je l’ai aimé entre 4 et 6 ans et je lui ai écrit de nombreuses lettres. Je l’ai
rencontré une fois au Palais des Sports et je l’ai embrassé, j’avais 4-5 ans.
Alain Bashung. Mon père écoutait de la chanson française, mes parents ont fait ma culture musicale. Bashung, sa mort m’a touché. Cela m’arrive de pleurer quand je l’entends dans ma voiture. J’aurais aimé le rencontrer et le voir sur scène.

Pétosaure, je vous laisse conclure.

Je vous aime.

Krispy Krust, Petosaure et Meunier 
Photo: Valentin Nauton

Le lendemain, C’est au tour de Krispy Krust (Don Coco) de passer à la question. Nul n’échappe au
terrible Ichigo Samuru. Oui, bon Meunier n’a pas pu être présent, c’est ainsi, n’est-ce pas ?

La première question est obligatoire : un malade vient vers vous et vous dit que votre musique calme ses maux, lui font du bien, qu’est-ce que cela vous fait ?

Sensation d’accomplissement. Les projets d’un artiste c’est de toucher les gens et de leur
apporter quelque chose. La musique procure des sensations, mieux que la technique. La finalité est importante.

Pourquoi faites-vous de la musique ?

Depuis petit j’aimais le spectacle, la musique. J’ai été bercé par la Pop, le Rock Progressif. Quand je me suis remis à la musique, j’avais déjà entendu Genesis et Yes. J’écoutais de la Pop, du Jazz, de la musique classique. Puis j’ai réécouté Genesis en concert.
J’ai commencé la batterie au collège. A ce moment j’écoutais du Punk et du Metal. Je ne m’intéressais pas au sport et à l’informatique. Je me suis donc mis à la batterie, pris de passion. Je connaissais le jeu de Phil Collins avant d’avoir touché une batterie.

Pour qui faites-vous de la musique ?

Les racines c’est la passion. Je fais des sessions pour des choses qui ne me plaisent pas forcément. Mais cela me permet de gagner de l’argent donc c’est bien. Je fais de la batterie pour moi, pour dire les choses : la batterie est le moyen de m’exprimer. Je ne suis pas expansif, mais la batterie permet de vous exprimer, le fait de crier pour que les gens puissent le voir. La musique va à l’encontre des réseaux sociaux où l’on se montre.

PETOSAURE vous correspond-il ?

Pétosaure est arrivé avec ses morceaux bien marqués. « Venez jouer avec moi dans mon univers » On apporte chacun des parfums différents. Le projet est de Pétosaure, le résultat est la forme des trois.

Avec PETOSAURE, jouez-vous la musique qui vous plait ?

Oui, avec ce projet. Cela fait 16 à 17 ans que je joue de la batterie. PETOSAURE est un groupe qu’on aurait aimé avoir depuis longtemps car avec Pétosaure, il y a du lâché prise... est-ce qu’on a assez de talent ? Ce qui ressort de notre musique est naturel Oui je joue la musique que j’aime, c’est une extension de moi-même. Pétosaure nous demande d’être nous-mêmes. On n’est pas là pour jouer le style de xyz. Les morceaux sont naturels.

Est-ce que vous composez ?

J’apporte de la compo en terme de style de morceau.

Je vois l’album de PETOSAURE comme une maison hantée.

C’est un univers sombre, intriguant. Chaque morceau à son propre univers.

Voyez-vous PETOSAURE sur un long terme ?

Oui complètement, aussi longtemps qu’on s’entendra. Ce qui m’a plu : on ne s’est jamais pris la tête pour travailler ensemble. Le dernier morceau, toute la structure de la partie batterie est spontanée.



Former un groupe n’est pas évident, mais pour PETOSAURE cela a été une évidence ?

Oui, naturel, spontané. Quand on veut créé un groupe c’est en effet pas facile. Ensemble on fait ce qui marche, on imprime tout de suite. Quand on est ensemble, on sait ce que chacun est capable de faire.

La formule du trio vous convient-elle ?

Parfait.

PETOSAURE envisage-t-il de s’agrandir ?

Non sauf si c’est le même état d’esprit. C’est l’état d’esprit qui compte au final.

Comment se passe les enregistrements ?

On est tributaire des séquences, des synthétiseurs. Je joue avec un métronome. Les instruments
varient, on veut aller toujours plus loin, le résultat en live est plus percutant. La batterie est à mis chemin entre le free Jazz et le Metal. Il y a plus de détails sur le CD. D’ailleurs en l’écoutant on redécouvre les
morceaux.

Sur scène improvisez-vous par moment ?

L’improvisation, même la plus libre possible, c’est de la composition en temps réel qui obéit à des règles. Il faut un certain carcan, que cela ait du sens. Qu’est-ce que je peux utiliser ? Puis-je assurer ? Nous sommes libres dans un cadre.



Tout le monde est-il invité à voir PETOSAURE, ou seulement une élite ?

Il n’y a pas de caste. La musique est faite pour tous. Chacun écoutera à son niveau Miles Davis,
Genesis, le Rap, la Country ou le Jazz. Je ne me dis pas, tiens tel ou tel n’écoute pas du Progressif. L’important est que cela plaise ou pas. Il y a des gens qui font des chansons simples et qui touchent. On fait de la musique qui nous ressemble.

Que vous apporte la scène ?

Une libération, c’est l’explosion, c’est physique. On ne fait pas un concert de PETOSAURE
comme on fait les courses.

Vous laissez-vous influencer par l’attitude du public ?

Oui dans le bon sens. S’il n’y a pas de réactions, je ne vais pas changer ma musique et s’il y a de
l’ambiance, cela nous tire vers le haut.

Que faites-vous s’il y a deux personnes dans la salle ?

On n’arrête pas le concert. Le concert nous fait du bien, c’est pour ça.

Le Stade de France vous fait-il rêver ?

Le Stade de France me fait rêver. Il faudrait des salles intimistes et des grandes scènes !

Seriez-vous prêt à faire le tour du monde en ne jouant que dans des petites salles et cela dans
n’importe quel pays ?

Complètement. C’est une manière de faire de la musique, de rencontrer des gens.

Pentagruel - Petosaure (Live Au Supersonic)


PETOSAURE me donne l’impression d’être prêt à toutes sortes d’expériences musicales. Qu’en
pensez-vous ?

Complètement. On aime faire le plein de musique. On a tous des rêves qu’on aimerait essayer.

Doit-on s’attendre à de grands changements dans la musique de PETOSAURE ?

Si on faisait une cassure ce serait une évidence. Comme chaque morceau vit par lui-même, la
musique va muer. Le nouvel album sera du PETOSAURE. La transmission se fait si les gens viennent à nos concerts. Ils entendent les morceaux du prochain album.

PETOSAURE est-il un groupe prêt à faire des duos ?

Oui ou une participation. On peut jouer avec d’autres gens.

Avez-vous des noms ?

Pas forcément, sauf pour le solo de violon. Il faut que la chanson le demande.

Et tout un album ?

Oui complètement. On est partant pour de telles choses.

Revenons à la scène. Quel est votre état d’esprit avant de monter sur scène ?

J’ai envie de me lâcher. J’ai hâte d’y être pour pouvoir me lâcher.

Pendant le concert ?

Au début concentré. Au bout du deuxième morceau on commence à être chaud et après...

Après le concert ?

Je me sens bien, c’est l’occasion de voir les gens. Cela me permet d’être plus naturel. Il reste
l’euphorie du live. On est suivi par des amis et de la famille. J’aime tout dans le concert.

Comment conciliez-vous votre vie de tous les jours et PETOSAURE ?

C’est dans le milieu artistique, donc bien.

Les événements qui vous entourent, qu’ils soient grands ou petits, vous influencent-ils ?

Oui, mais plus les événements personnels, aucune affiliation politique. On veut parler des choses qui peuvent toucher les gens.

Etes-vous sensibles aux remarques de vos écoutants ?

Oui, mais cela ne va pas me dicter comment faire de la musique. Je prends tout ce qu’on me dit.

Que voulez-vous que l’on retienne de PETOSAURE ?

La puissance des émotions qu’on transmet. La puissance de cet univers.

En deux mots Jaky La Brune.

C’est la quatrième personne du groupe. Il y a plein de gens qui gravitent autour de nous.

En deux mots Nicolas Ker.

Torturé, ...

En deux mots Alexandre Dumont.

Dandy à l’écoute.

Deux artistes que vous préférez ?

Genesis, Miles Davis.

Je vous laisse conclure.

Excellent interview.

Merci... vous me troublez.

Troublé je l’étais les amis. Quitter ces deux artistes, Pétosaure et Krispy Krust, est quelque chose de
difficile, je regrette de ne pas pu avoir interviewer Meunier, mais comme les autres, il est dans mon cœur.

Je vous conseille de vite acheter « Le fantôme de l’enfant ». Are you Punk ?


Art of Jaky La Brune

 Réalisation d'un digipak pour PETOSAURE, pochette et livret, 2017


Liens pour PETOSAURE:



Voir aussi:





Ichigo Samuru



JALOUSE, un espace de liberté

  Jalouse m'enchante de part ses voix, ses sons. Cette découverte est un vrai régal. Le Canada nous a habitués à du bon son. Nous allons...