« A
FLOOD OF STRANGE SENSATIONS » c’est le titre de l’album.
Mes
amis, je vais entrer dans la musique d’Amphetamin pour entendre et
voir. Avec mes pauvres mots, je vous décrirai le son, l’ambiance
de cet album à la pochette magnifique.
La
pochette d’abord. Elle est d’une beauté sombre. Cette beauté
sombre qui ne nous quittera pas, nous prépare déjà à une écoute
attentive et impatiente. Nous allons échanger quelques mots avec
Sebastian pour nous préparer à entrer dans les couloirs étranges
et sombres de « A Flood of Strange Sensations ».
Ichigo
Samuru : La pochette de l’album est très belle. Qui l’a
faite ? Et concevez-vous la pochette et la musique comme un
tout ?
Sebastian :
Je fais moi même mes pochettes et mes artworks depuis le début
(comme le mixage et le mastering), celui-ci n'a pas dérogé à la
règle.
En fait je voulais représenter ce côté brut propre à
l'album mais aussi y intégrer une certaine sensibilité et un sens
(en référence aux textes) en y ajoutant une silhouette, un visage
de profil, celui d'une personne qui vit un peu dans sa tête en
permanence, se détruit et se reconstruit en permanence tout en se
réconfortant dans son art.
Oui, un album pour moi est un tout,
j'apporte une importance particulière à la pochette et à
l'homogénéité du son, la cohérence de l'ensemble en fait un bel
objet et une belle concrétisation lorsqu'on a enfin la "chance"
de l'avoir entre nos mains après des heures et des heures de
travail. C'est ce qui donne une identité à chaque production, et
cela peut même également attirer de nouveaux auditeurs si
l'esthétisme leur évoque quelque chose.
Et puis bien sûr,
pour les personnes qui me suivent, je pense donc que l'attente en est
récompensée !.
I.
S. :
Comment
définissez vous votre musique ?
Sebastian :
J'appelle ma musique du Post-Prog' car je mélange beaucoup ces
deux genres qui sont le Post-Rock et le Rock Progressif, c'est une
appellation récente qui catégorise les groupes qualifiés de
"modernes" du rock progressif.
A vrai dire, c'est
celui qui je pense me définit le mieux, ce n'est jamais facile de se
ranger dans une case car on est inspiré par tellement de choses...
Pour ma part, je pioche d'ailleurs pas mal également dans la Cold
wave et le Shoegaze.
Si je devais la décrire avec des mots, je
dirais que c'est de la musique très axée sur les ambiances avec des
touches assez mélancoliques et parfois sombres.
I.S. :
Sebastian, de quoi parlez-vous dans vos chansons ?
Sebastian : Je parle de beaucoup de choses dans cet
album, il y a tout d'abord pas mal de rage car j'avais beaucoup de
sentiments / ressentis à extérioriser, elle est parfois transformée
en mélancolie lorsque le désespoir / l'impuissance prend le dessus
sur la rage.
Il parle de relations humaines, du comportement
humain envers son environnement ou envers lui même, chaque texte est
écrit de manière à ce que chaque personne puisse l'interpréter à
sa manière et donc se l'approprier avec ses propres images et
idées.
La musique reflète bien les textes en mon sens car elle
est plus brut, déroutante de par ses détours sans fin mais aussi
plus rentre dedans parfois lorsque la haine prend le dessus ou à
l'inverse plus douce quand la haine se transforme en mélancolie.
Dès
que vous écoutez « A Flood of Strange Sensations » vous
voilà en présence d’une âme tourmentée. Mais « Devotion »
est un beau tourment. La musique et la voix exceptionnelle de
Sebastian nous ravissent. Le son est propre, la musique scintille
d’effets sombres et… ravissants. La guitare a une place non
négligeable. Soudain la musique démarre, voix légèrement saturée.
Amphetamin nous montre sa dévotion torturée jusqu’à une fin.
Nous
voilà dans un Rock plus dur avec « The threshold ».
Amphetamin se montre plus agressif, d’une agressivité poétique
qui sied à la personnalité de Sebastian. Le calme revient dans un
passage sublime, toujours dominé par la voix de Sebastian qui laisse
ensuite exprimer sa guitare et le Rock musclé refait surface avec
des sons de guitare forts surprenant. Pas de monotonie. Le voyage
s’avère passionnément sombre mais succulent. Loin de la
médiocrité, Amphetamin varie sa chanson. Elle est bien écrite par
un musicien vrai.
L’orgue
vous accueille dans « Once upon a tree », puis la
batterie avec ses cymbales à la juste place, préparent la voix
étrangement changeante de Sebastian. Nous sommes captivés, apaisés
un instant. Le son clair et un peu agressif de la guitare sublime le
tout. A quoi s’attendre avec Amphetamin ? à un passage très
différent qui introduit un bien juste solo de guitare. Et la musique
repart de plus belle. Une aventure musicale, une ambiance géniale
qui vous surprennent jusqu’à cet instant très lourd, très Rock
sombre, à l’appel de… l’orgue revient vite et apaise.
L’ambiance
du début de « Stranger on an island » nous fait penser à
l’Orient. C’est un peu tout le morceau qui tire entre cet Orient
mystérieux et une Angleterre (?) de souffrance, de légèreté aussi
dans le son de la guitare. Fausse légèreté à vrai dire,
répétition avec la voix de Sebastian comme lancinante. Et la basse
nous ramène dans la circulation des notes… la pèche arrive,
l’attaque. Une attaque bienvenue. Que de richesses ! Nous
revoilà vers l’Orient, c’est la fin du morceau.
« Endless
nights », un son mécanique, une voix chaude, le fond presque
classique, pas de basse qui ronfle et le rythme s’arrête… pour
planer un instant. Instant qui annonce une montée en puissance. La
musique d’Amphetamin stoppe net… et la montée soudaine en
puissance nous ravit. La voix de Sebastian est absolument magnifique.
Le tout est splendide, accrocheur, pas banal, un festival de beauté
mélodique et forte, puis, arrêt sur guitare. Un moment de calme
mélodie douce et puissante.
Petite
boîte à musique tu nous accueilles dans « The haunted one »,
dans les sons ténébreux d’Amphetamin, où la guitare prime comme
une menace et cela ne peut attendre : la puissance est là. Voix
de tête et forte guitare. Imaginez : un goût de Metal, mais
non, nous revoilà dans les sons prestigieux d’Amphetamin, avec un
chant précis. La batterie rappelle qu’elle est là, dans le monde
d’Amphetamin. On repasse à un son Metal et Rock, Rock/Metal
dirons-nous, toujours porté, supporté par la voix exceptionnelle de
Sebastian. Nous pouvons nous demander qui supporte qui tant la
musique et la voix sont inséparables, pas de discordance, c’est
parfait. Ah mes amis ! Ça envoie, je vous le promets. Chez
Amphetamin nous allons de surprise en surprise, voyez le son Rock qui
suit et la voix qui vous captive. Voyez Amphetamin vivre, plongé
dans sa réflexion musicale et verbale… un chant sur son sonore qui
revient à un rythme soutenu. Voyez ce Rock. On ne peut pas voir la
musique ? Avec ce morceau, oui. La basse nous dit au revoir.
Voilà
une entrée en matière pour « Neverland » tout à fait
dans l’esprit de ce que nous venons d’entendre jusqu’ici. La
voix de tête de Sebastian est très belle. Le volume monte :
cette force d’Amphetamin. Un cri, un chant puissant, sur un rythme
presque étourdissant pour arriver dans un Rock assez dur. Le rythme
est presque émouvant. Etrange moment de puissance et de douceur qui
aboutit dans un passage très Prog. Très Prog… gros son. Sur scène
cela doit faire de l’effet. Amphetamin nous habitue à des
changements de rythme, jusqu’à la fin.
Le
ton est donné avec « Favourite doll ». La basse a son
rôle prononcé. Sebastian chante en voix de tête. La guitare
s’amuse presque, quand la musique prend une autre teinte. Une
teinte plus musclée. Nous sommes propulsés, déroutés, admiratifs.
Amphetamin a un tel potentiel, il le démontre ici et c’est
vraiment vibrant : basse saturée et xylophone. Sebastian
démarre un solo de guitare. Un solo appliqué mais qui nous
transporte, c’est bon, c’est bien, vas-y Sebastian… oh !
Trop court. La chanson reprend, le rythme soutenu, aucune faiblesse.
Gros son surprenant, ah quelle belle surprise ! Cela termine le
morceau d’une belle manière, un morceau trop court, trop beau. On
n’en demande toujours trop.
Batterie,
basse, le cadre est bien posé pour « Thoughts in the waters ».
La guitare s’infiltre, ainsi que les synthés. Il ne nous reste
qu’à découvrir. Nous sommes invités à l’écoute de la voix de
Sebastian : grave pour cette entrée, suivie d’une attaque un
peu plus ferme et la voix de tête qui raisonne, laissant la place à
sa guitare : petit air mélodique de toute beauté sombre. La
chanson s’élève, la rythmique assure et la guitare envoie :
ça déménage. Un vrai plaisir. On ne peut pas s’attendre à
beaucoup mieux, quand, d’un coup, le son de la guitare donne une
couleur plus… ah zut ! Le morceau est déjà terminé.
Quand je vous disais que « c’est trop court ».
Amphetamin c’est la beauté sombre.
Tiens
du John Cage ? Mais non c’est « Ghostly place »,
d’Amphetamin, suis-je bête. Le bruit et la personne qui courrait
m’ont surpris. Mais la surprise est aussi courte que ce passage qui
fait penser au maître cité. Cela attaque ferme. Pas de quartier
pour nos oreilles qui n’ont pas le temps de remarquer une faille.
De toute façon, il n’y en a pas. La musique englobe l’espace. Le
son se laisse élargir… le rythme de la basse et la voix de
Sebastian sont étranges pour nous rejoindre dans ce plaisir
musical. Cette richesse sonore est d’une subtilité ! Il
faut que je cesse les compliments. Mais c’est impossible, la
guitare et la voix de Sebastian vous en empêchent.
Dernier
morceau : « Different colours of wars » qui s’avère
être une entrée spécialité Amphetamin. Et la suite, nous nous
demandons : « Suis-je bien sur terre ? » oui,
la puissance de la musique nous plaque au sol. La voix est là,
Amphetamin ne plie pas le dos. Comme il est bon d’entendre un tel
morceau. Là c’est du costaud, c’est du Rock de qualité. Le
dernier des 11 n’est pas le plus petit. Il a la saveur des autres
avec ses changements de rythme. Il y a comme un concept, de pointe,
sur rythme soutenu. La batterie assure. Ce sont vraiment quelques
sons impressionnants de qualité, de sobriété recherchée… un
immense talent méconnu. Ah que ça déménage les amis !
L’ambiance, la guitare, l’œuvre : Œuvre d’art. Œuvre
d’artiste sombre et doux, sombre et Rock. Le final est à la
hauteur.
Voilà,
c’est fini. Comme je vous l’avais prévenu, j’ai écris ce que
j’entendais. Comme pour dire la musique d’Amphetamin par les
mots. Mes mots si faibles pour raconter un album d’une qualité
irréprochable. Quoi ? N’y a-t-il pas quelques critiques
négatives à dire ? Oui sur le livret où les textes sont
difficiles à lire et une petite correction à faire. N’oublions
pas que Sebastian a fait cela tout seul. Côté musique peut-être,
mais pas pour moi. Cela me suffit. J’ai entendu et vu la beauté
sombre d’Amphetamin. Amphetamin c’est Sebastian.
Crédit photos: Florian Laval, Facebook de Sabestian.
Lorsque
vous rencontrez MONSIEUR, vous voilà d’abord en présence d’une
voix, que dis-je d’une voix, de plusieurs voix belles et
chaleureuses. Nous avons fait le tour de cet album de qualité. Un
album qui commence par une chanson en anglais « A Part of
History ».
MONSIEUR
commence en douceur. Il faut dire que c’est un MONSIEUR avec une
grande classe, une vraie gentillesse. MONSIEUR swing, MONSIEUR jazz,
MONSIEUR soul, le tout : franc, clair, précis, propre… qui
donne envie d’écouter. Le morceau est un peu court… enfin, il
semble un peu court, ce qui est plutôt bon signe pour la suite. Car
aller à la rencontre de ce MONSIEUR, un vrai SIR, ce n’est pas
désagréable du tout. Et les cuivres, wouah les cuivres !!!
Mais non, non, non, ne comptez pas sur moi pour tout vous dire, non
mais ! Moi aussi je suis un Monsieur, enfin, oui, il me semble…
une part d’histoire.
Une
petite remarque pour la suite de l’écoute de « SIR »,
en général MONSIEUR aborde des sujets plus sociaux quand il pousse
la chansonnette en anglais.
De
l’anglais on en vient au français et MONSIEUR prend sa guitare
pour une chanson où MONSIEUR, dans un style pop, folk, blues,
s’adresse à quelqu’un : « Montre-moi ». Ce
quelqu’un ne semble pas très sympathique : Profiteur ?
Promesse pas tenue ? Quelqu’un qui regarde tout le monde de
haut ? Quelqu’un que je vais vous laisser découvrir. MONSIEUR
à de drôles d’oiseaux comme amis et cela lui donne un touché de
guitare perfecto et une belle chanson… un peu amer. Mais
n’aimez-vous pas l’amertume ? Un peu au moins, non ?
Oui ? Oui bien sûr.
MONSIEUR
est peu commun. Il passe d’un sujet à l’autre. Sujets qui n’on
rien à voir en apparence… méfions-nous des apparences. MONSIEUR
nous transporte dans un monde où la machine remplace l’homme de
plus en plus. Pourquoi pas un « Robot Fucker » ? Pas
besoin de vous faire un dessin. (Lisez le comics « CASANOVA »
édité chez Urban Comics, Collection Urban Indies). MONSIEUR donne
le rythme funky, avec une basse qui maintient le groove et la
guitare : wouah, cela donnerait envie de danser, mais le titre
est tragicomique en finalité. « Robot Fucker », un petit
bijou de musique avec cette guitare très jazzy et la voix soul de
MONSIEUR en duo avec lui-même. Une perle je vous dis… On pourrait
presque penser entendre un morceau de Dweezil Zappa. En tous les cas
cela lui plairait sûrement. Oups ! Je n’aime pas trop faire
des comparaisons, ce n’est pas trop mon truc… Un final à
capella, un bijou, j’vous dis.
MONSIEUR a tout un univers, un vinyle qui grésille, c’est « Un souvenir lointain », une histoire d’amour qui ne fait plus d’effet, alors MONSIEUR l’exprime avec la même force qu’a été la douleur de sa rupture. Comme quoi l’amour entre deux êtres est quelque chose de… je m’arrête, je ne suis pas là pour donner des cours de couples.
Si
la blessure de MONSIEUR est guérie, il ne faudrait pas que cela
recommence. « Je ne t’échangerai pas » ! Il n’y
a pas de partage, l’amour est unique. Et là, mes amis, MONSIEUR
résiste avec rythme, toujours soul et jazzy. MONSIEUR ne demande pas
grand-chose, il est charmant : charmant et ferme. Et ses
capacités vocales, son talent de multi instrumentiste nous sont
étalés dans une sobriété : celle d’un MONSIEUR et non pas
d’un rustre. MONSIEUR n’échangera pas celle qu’il aime et qui
lui fait tant d’effet. C’est beau.
MONSIEUR
a bel et bien son univers et voilà qu’il nous entraîne dans un
morceau d’électro. Il semble que MONSIEUR ait gardé sa belle et
les voilà bien joyeux. Mais est-ce vraiment le cas ? Ou cette
femme n’est-elle pas une « Intelligence artificielle » ?
Un Robot Fucker perfectionné comme dans le comics « CASANOVA » ?
Il ne me semble pas ; j’ai entendu la voix d’un bébé. Il
n’y a donc pas de robot, puisque MONSIEUR s’accompagne à la
guitare dans ce morceau entraînant et joyeux. Joyeux : est-ce
le mot ? Je me pose la question quand soudain le voyage électro
s’arrête dans l’espace, l’espace temps, l’infini ?
Le
son clair de la guitare de MONSIEUR, nous emmène maintenant dans une
ballade agréable « Inside of Me », plutôt folk/country.
Mon faible anglais ne pourra vous dire quoi que ce soit sur les
paroles de cette bien jolie... Eh, eh, comme cela pas de spoiler.
Vous découvrirez « Inside of me ». Je me demande si Bob
Dylan aurait méprisé ce beau morceau aux effets sonores surprenants
vers la fin ? Non il aurait apprécié. Comment je le sais ?
Eh bien c’est ainsi.
Retour
au français, « Â ton ouille ». Guitare précise, percus
claires, nous voilà partis dans une chanson d’amour. Affaire de
pirates, de bijoux, de bottes en caoutchouc… Ah l’amour !
MONSIEUR nous met en garde ; la liberté. Ah la liberté !
Une chanson à bien écouter et à bien interpréter. Je l’avoue,
elle n’est pas facile. A part le joli petit morceau d’orgue,
MONSIEUR reste avec sa guitare sur une certaine retenue, une
rythmique imparable et une voix qui nous émerveille tant elle n’est
pas un leurre.
« Une
première fois de plus ». Guitare claire, précise, rythmique
soul, les voix de MONSIEUR. Chanson un peu chaude où « tous
peuvent se retrouver » (MONSIEUR). L’orgue derrière est très
agréable. Ah l’amour, eh oui encore, je ne l’écrirai pas assez.
Mais, mais car il y a un mais, je ne vais pas vous décrire cette
chanson, vous la découvrirez et la réécouterez comme une première
fois… de plus. Enfin il y a chez MONSIEUR, ici, un souci de
précision, tant dans la musique que dans les paroles qui laissent
l’auditeur… pensif ? Oui pourquoi pas ?
Batterie
à l’accueil, piano, nous revenons à l’anglais : « The
Devil’s Insight ». Une chanson qui nous permet de découvrir
les qualités vocales de MONSIEUR. Ce morceau est vraiment cool. Le
garder pour la fin de ce bel album, cela nous montre l’intelligence
de MONSIEUR. Son goût artistique, son amour de la précision. La
musique, toutes les voix sont posées de manière à que tout
s’entende. L’orgue nous ramène quelques peu dans le passé mais
ce n’est pas grave, au contraire. On se laisse séduire par le son
parfait, par la composition simple (simple ne veut pas dire facile)
et précise…
C’est
fini. Un album de qualité qui se termine par « la perspicacité
du diable » (l’une des traductions que j’ai trouvée. Mais
en poésie ???), voilà qui donne envie de comprendre toutes les
paroles de cette dernière chanson in english, même si moins on
parle du diable mieux c’est… en tous les cas jamais à la légère.
Ah c’est qu’il faut faire attention avec certains noms.
Et
voilà MONSIEUR qui nous quitte. Au fait, puisqu’on parle de noms.
MONSIEUR, drôle de nom ne trouvez-vous pas ? Que veut dire ce
nom pour le moins mystérieux ? Je vous sais soudain attentif
dans votre lecture.
INTERVIEW DE MONSIEUR
Nous
voilà dans une rencontre nouvelle. Oui, c’est vraiment surprenant,
à chaque fois enrichissant… flippant aussi. Oui car qu’est-ce
que je vais demander à ce MONSIEUR ? Il faut bien y penser,
pour ne pas me faire passer pour un drôle. Car vous savez, je ne
sais pas s’il en existe encore beaucoup aujourd’hui des MONSIEUR.
C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai préparé cet
interview qui ira avec la chronique de son album dont le titre
« SIR » ne m’a pas plus rassuré.
Alors
je me suis dit, qu’est ce qu’un MONSIEUR ? J’ai cherché
sur Internet et j’ai trouvé cette définition qui m’a plus et
qui me semble bien aller à notre musicien : « MONSIEUR
sert aussi à désigner Tout homme dont le langage et les manières
annoncent quelques éducations » (Académie 8e
édition).
Donc
c’est clair, l’interview de MONSIEUR sera toute dans la retenue,
je ne rencontre pas un hard rockeur ou un punk, non, mais un
MONSIEUR. Je me prépare, méditant, réfléchissant, essayant de me
rappeler les bases les plus simples de la courtoisie et de la
bienséance, bon ça va, cela ne va pas être trop difficile, car
l’interview a lieu au téléphone.
Voyons
si cette citation de Pascal Quignard colle à notre artiste :
« Que
cherchez-vous Monsieur, dans la musique ?
Je cherche les regrets et les pleurs »
Ichigo
Samuru : Bonjour MONSIEUR, cette première question est
obligatoire pour tout artiste interviewé : Si un handicapé ou
un malade atteint d’une maladie grave vous dit que votre musique
lui fait un grand bien, qu’est-ce que cela vous fait ?
MONSIEUR :
C’est le plus beau cadeau de procurer avec la musique ce
plaisir-là. C’est génial.
I.S. :
Comment définissez-vous votre musique ?
M. :
Ce n’est pas évident, j’ai énormément d’influences. La vraie
rencontre c’est Prince et aussi Michael Jackson, Stevie Wonder.
Puis le Rock : les Beatles, David Bowie et d’autres musiques.
I.S. :
Vous êtes musicien depuis quel âge ? Et depuis quand
composez-vous ?
M. :
J’ai appris à 5 ans le piano. Au bout de deux ans, j’avais envie
de faire autre chose. Puis j’ai mixé grâce à un ami. J’ai
découvert Prince. J’ai commencé à joué de la guitare à 11 ans,
composer à 13 ans et fait mon premier album à 17 ans. Album qui
n’est jamais sorti. Des maisons de disques m’ont reçu, ils ont
été marqués par mes influences. Le premier album de MONSIEUR est
sorti en 2005, là c’est devenu professionnel.
I.S. :
Vous êtes ingénieur du son. Est-ce que vous pratiquez encore ce
travail ?
M. :
Je ne suis plus ingénieur du son, j’ai fait des études de son,
puis je suis entré dans une grande maison, ce qui m’a permis
d’enregistrer mes albums.
I.S. :
Pourquoi faites-vous de la musique ?
M. :
Ce n’est pas réfléchi, c’est un besoin vital. Albert Cohen
dit : « Je fais des livres comme le pommier fait des
pommes. » Je compose en permanence.
I.S. :
Pour qui faites-vous de la musique ?
M. :
Pour tout le monde. Je n’aime pas cibler une tranche d’âge.
I.S. :
Nous allons parler de votre album « SIR » mais d’abord
cette question : Combien d’albums avez-vous enregistrés avant
« SIR » ?
M. :
Mes albums sont les suivants : « Bientôt chez-vous »,
« MONSIEUR », « Lost in the Supermarket »
(EP), « 2021 » et « SIR ». Sur Internet
« MONSIEUR » est divisé en deux : « MONSIEUR »
et « La suite ».
I.S. :
Où peut-on les trouver ?
M. :
On peut les trouver sur toutes les plateformes : Itunes,
Spotify, Deezer, sous le nom de MONSIEUR.
I.S. :
« SIR » est un album en partie en français en partie en
anglais, pourquoi ?
M. :
Le premier album était tout en anglais à cause des influences.
Après il y a eu un parcours du combattant. Ensuite on m’a
encouragé à écrire en français. J’ai pu le faire avec « 2021 »
et pour « SIR ». Si la chanson je la sens en français,
je la fais en français, idem pour l’anglais. Cela doit rester
instinctif.
I.S. :
Les chansons en français : une est assez chaude, une autre est
assez, comment dire : « gore » style humour british,
une autre parle d’un homme que ne veut pas perdre sa copine.
Aimez-vous ainsi chanter l’amour ?
M. :
Oui, c’est un thème qui revient souvent en français, « Montre
moi » est plus de société. L’amour revient souvent.
I.S. :
A qui parlez-vous dans vos chansons ?
M. :
Ça dépend. Ce sont des souvenirs ou du présent. On a tous le
souvenir d’un premier amour. Ce premier amour ne changerait rien à
notre vie aujourd’hui, si le pire arrivait. Le but de mes chansons
est que tout le monde s’identifie.
I.S. :
Les chansons en anglais, de quoi parlent-elles ?
M. :
Cela dépend. La première chanson parle du rassemblement après
l’attentat de Charlie Hebdo : combattre pour garder notre
liberté.
« Robot
Fucker » parle des robots qui envahissent de plus en plus notre
société. Ce robot rend des services qui prête à sourire.
Une
autre chanson est métaphysique.
Dans
l’album « 2021 », en anglais, ce sont des paroles de
science-fiction.
I.S. :
Un morceau est de l’Electro de bonne facture. Qu’est-ce qui vous
plait dans ce genre musical ?
M. :
Avec l’Electro on peut varier les sons. L’Electro permet une
palette extraordinaire.
I.S. :
Etes-vous pleinement satisfait de « SIR » ?
M. :
Oui. J’ai du mal à me réécouter. J’ai tendance à passer à
autre chose. On fait la musique pour les autres.
I.S. :
Passons à vos talents divers et certains. Votre voix, vos voix
devrais-je dire, d’où viennent-elles ? Car vous avez une voix
rare.
M. :
C’est naturel. J’étais dans une chorale. Nous chantions des
chants religieux. J’étais soliste soprano.
I.S. :
Votre instrument principal est la guitare. Est-ce exact ?
M. :
Oui. La guitare, j’ai composé avec. Sur « 2021 », pour
me renouveler, j’ai du composer au clavier, afin de chercher des
sons. Je compose aussi au piano. On compose différemment au piano
qu’à la guitare.
I.S. :
Dans « SIR » on entend à la fin de « Robot
Fucker » un solo de guitare. Vous nous donnez envie d’en
entendre plus. Pourquoi si peu ?
M. :
C’est pas moi qui joue ce solo de guitare, c’est un invité :
Olivier Rateau.
I.S. :
C’est dans votre studio que vous fabriquez vos morceaux. Comment
composez-vous ? Qu’est-ce qui vous inspire tant pour la
musique que pour les textes ?
M. :
Cela dépend. Je gratte des accords parfois au salon. Le meilleur est
quand il y a enfin tout le morceau. Après il y a le studio où
j’ajoute les instruments. Le studio devient un instrument. Tout est
tellement instinctif.
I.S. :
Composez-vous en vue de la scène ?
M. :
Il y a des chansons qui demandent plus de moyens pour la scène. Mon
deuxième album était pour la scène. « 2021 » serait un
album difficile à jouer sur scène. Cela dépend, il faut y penser.
I.S. :
Sur scène, vous êtes deux : vous et votre batteur Emmanuel
Demangeons. Que vous procure la scène ?
M. :
Question difficile... au début du trac, puis je me sens bien, je
vois les réactions du public.
Il y
a une période en studio, où l’on brûle de monter sur scène.
J’ai bien envie de jouer les morceaux sur scène avant de les
enregistrer.
I.S. :
Quel est votre état après le concert ?
M. :
Après le concert ; Je suis content d’aller à la rencontre du
public. Je ne pars pas dans les loges, je préfère parler avec les
gens tant que cela est possible. Il y a, à ce moment, une
excitation.
I.S. :
Sur scène, rejouez-vous votre album en entier ?
M. :
Non, je fais un mélange en entier.
I.S. :
Vous arrive-t-il d’improviser ?
M. :
Non. Cela viendra peut-être. J’improvise à la voix en ajoutant
des scats, des acrobaties vocales.
I.S. :
Qu’est-ce que vous voulez qu’on retienne de MONSIEUR ?
M. :
Que les gens oublient tout lors du concert, qu’ils soient dans une
bulle, aient passé un bon moment en oubliant leurs soucis. Qu’ils
se souviennent d’avoir été dans une bulle musicale, protégés.
I.S. :
MONSIEUR, dites-nous, en deux mots :
Emmanuel Demangeons
M. :
Ami, super bateur.
I.S. :
Hum cela fait trois, mais j’accepte (rire). En deux mots :
Alexandre Dumont
M. :
Manager bienveillant.
I.S. :
En deux mots :
Serge Gainsbourg
M. :
Poésie, compositeur.
I.S. :
Et en deux mots :
Prince
M. :
Révélation, musicien absolu.
I.S. :
Ah encore trois mots, mais je les accepte, bien évidemment. Eh bien
MONSIEUR, je vous remercie et vous laisse conclure cette interview.
M. :
Les gens peuvent trouver l’album « SIR » sur Itunes,
Deezer, Spotify et Qobuz.
Voilà
un moment passé avec MONSIEUR, trouvez-vous que la citation de
Pascal Quignard sied à MONSIEUR ? Pour ma part, je ne saurais
dire en toute vérité, mais celle-ci oui, ne trouvez-vous pas ?
Et je vous dis au revoir avec :
« Ah !
Monsieur, on ne se méfiera jamais assez de la poésie »
(Marcel Aymé)
Crédits photos: Alexandre Dumont, Facebook de Monsieur.
Petosaure
qu’est-ce donc pour un animal fantastique ? Ou alors est-ce un
nouveau groupe de Metal ? du lourd, qui envoie qui écorche… à
voir la pochette. Une pochette d’album qui dérange nos petites
certitudes, une pochette qui nous dit : « Vous entrez dans
le monde qui n’est plus celui-là, lorsque tu auras écouté
l’album en entier... ou pas ». Qui n’est plus celui-là,
car la fin n’est pas encore là, ni un autre monde, pas encore,
peut-être pas celui que veut Petosaure.
Ne
soyons pas peureux ouvrons la porte, avez-vous peur des fantômes, du
fantôme de l’enfant ? Une douce musique vous accueil, courte
mais drôlement efficace, car elle rassure après le choc du visage,
le visage de l’enfant fantôme. Une rose et un revolver… Qui
dira ce qu’ils font ici et là ? Pas l’ombre de Bernard
Lavilliers que l’on croit apercevoir tout au long de la visite. Et
de morceau en morceau nous entendons des chansons empreintes de
douceur violente. Ce n’est pas du Metal, même si nous rencontrons
soudain la gorge du diable parfois sournois, c’est du doux Metal…
cela n’existe pas ? Non mais comment dire autrement cette
douceur métallique, cette musique un peu électronique par moment,
classique aussi avec une fin surprenante que nous reverrons plus
tard... il n’y a pas que le fantôme de l’enfant, il y a des
ombres.
Le
Love viseur nous fait voir qu’a travers les textes de Petosaure,
nous semble vibrer la poésie qui nous attire en avant, qui n’est
pas négative, ni positive d’ailleurs. Petosaure n’a pas de
message à faire passer, il chante la vie, l’amour la mort, la
destruction de ce monde invivable, « inaimable »,
invivable en vrai, au fond. En pénétrant dans la maison de l’enfant
fantôme, dans l’univers (décalé forcément) de Petosaure, nous
nous sentons bien, les notes volent virevoltes, les percussions
aussi : charmants morceaux musicaux... chante, chante, chante.
Petosaure
n’a pas la clé de Sion, c’est pour cela qu’il dit qu’il n’a
rien n’à dire, pas de message, pas de revendication. Ben quoi, il
chante cette non vie, tel un troubadour, afin que l’on écoute en
n’en ressortant un peu différent… ou pas. Il révise la cigale
et la fourmi vue comme une pute. Il y a quand même un message, eh
oui. Le fantôme de l’enfant hante cette maison Petosaure. La
fourmi est une pute, la société de consommation n’est-elle pas
autre chose ? Elle qui tue l’enfance ? la poésie ?
la musique ? C’est ainsi que je comprends Petosaure. Il veut
détruire ce monde, mais pas en hurlant des slogans qui disparaissent
aussi vite qu’ils sont venus. Je ne pense pas que dans cette maison
à 10 pièces vous trouverez un Rockeur décoré de la légion
d’honneur, une telle fumisterie n’est pas dans la musique de
Petosaure. L’artiste poétique est droit. Il ne fait pas le
chanteur pour faire le chanteur, ces chansons sont belles,
envoûtantes, nous pourrions y trouver des comparaisons, mais à quoi
bon, juste savoir que le jazz s’y cache.
Ces
éléments devraient vous encourager à écouter cet album
incontournable. Seul au monde, sur la plage, ou vous voulez
finalement, vous allez vous régaler d’un vrai artiste, un artiste
qui n’a pas peur d’être. Ce qui devient rare. Un artiste qui ne
pense pas à devenir un géant qui ne se voit même plus les pieds et
écrase son voisinage, alors s’il y arrive il voudra rapetisser…
ou pas. Que savoir de ce grand auteur compositeur, interprète.
Voyez, j’ai utilisé le mot grand. C’est un grand… ou pas.
C’est un grand… ou pas. Oui c’est un grand. Un Petosaure cela
ne peut pas être petit, c’est ridicule, et quand nous avons avec
une grande délectation sonore écouté les dix petites pièces de
Petosaure on dit encore.
J’aime
bien le Roiseau que l’on croise dans l’une des pièces. C’est
beau un Roiseau, c’est très jazzy et nous voilà dans la jungle
musicale de Petosaure, tellement d’idées à gravir, un tel univers
bouleversant, dérangeant, intéressant, florissant, émouvant,
reposant… la fin d’un monde inutile ? L’ambiance nous
laisse dans une situation de réflexion… ou pas. Et le son
électronique nous ramène dans la dernière pièce ou la docile amie
qui s’y trouve depuis bien des années, plus de 50 ans… ou pas.
Il paraît que l’on vivra deux cents ans ? Allez savoir dans
la maison de Petosaure, hantée par le fantôme de l’enfant, et
soudain un final, quel final qui nous reconduit à la porte de
sortie, mais c’est grandiose : comme un souvenir d’un solo
de Ponty sur King Kong, un souvenir seulement … ombre bienveillante
qui nous raccompagne et c’est terminé… trop tôt. Il y a bien
des choses étranges dans la maison de l’Enfant Fantôme, venez
amateurs de musique, de chansons vraies, venez osez entrer, personne
ne vous fera du mal… on s’y sent bien. Petosaure est un docile
ami.
PETOSAURE,
un nom qui sonne fort. Un nom dont l’origine semble prestigieuse.
Ce qui fait dire à mon
généraliste
: « Pétosaure est un prince ». Cela va bien à notre personnage,
mais un prince humain,
profondément
humain, tourmenté, aimant. Un artiste intéressant, attachant, vrai,
sensible. Il est le leader du
groupe qui porte son nom. PETOSAURE a sorti un album absolument
magnifique (je risque de le répéter
dans cet article, tellement que c’est vrai) « Le fantôme de
l’enfant ». Un enfant quel enfant ? L’enfant
Pétosaure qui écoutait Maurice Chevalier ? Peut-être. Nous ne
chercherons pas à entrer dans l’intimité
de Pétosaure, c’est sa vie, son monde, dont il nous dira ce qu’il
veut plus bas.
L’avis
sur cet album rare, je l’ai déjà donné dans ma chronique, donc
je ne vais pas revenir dessus. Le but de
cet article est de connaître le groupe PETOSAURE. Malheureusement je
n’ai pas pu interviewer l’un des
musiciens, Meunier qui joue de plusieurs instruments dont la guitare.
Alors j’en profite pour lui dire toute
mon affection et que j’espère qu’un jour, s’il le veut, nous
aurons un entretien. Il faut toujours respecter
les artistes. Nous, les chroniqueurs, ne sommes que des serviteurs de
la musique et des musiciens.
La musique nous fait du bien. Non ? Alors nous n’avons pas à nous
prendre pour ce que nous ne
sommes pas.
Nous
allons donc maintenant entrer dans l’antre de PETOSAURE, découvrir
ces musiciens de génie, qui n’hésitent
pas un instant à jouer de la musique, car nous verrons c’est leur
vie. Ils ne font qu’un avec. Ce qui
m’a touché d’abord avec Pétosaure et Krispy Krust ou Don Coco,
c’est leur gentillesse, leur douceur, leur
patience à mon égard. Dès le départ « Je ne vous dérange pas,
votre santé... » Quelle attention !
Alors
que je suis encore qu’un inconnu. Nous voyons déjà la marque de
ce qui fait les grands, cet amour pour
l’autre, sans faire semblant. Voilà ma première impression qui se
confirmera tout au long de l’interview.
Allons-y :
Cette première question est obligatoire à tout artiste
interviewé : Un malade souffrant d’une
sévère maladie vous dit : « Votre musique apaise mes maux »,
qu’est ce que cela vous fait ?
C’est difficile de répondre. Cela m’émeu, c’est un thème
important, c’est la raison principale du
pourquoi je fais de la musique. Si je fais de la musique c’est une
manière de m’envoler et de partir avec
ceux qui sont dans leur chambre d’hôpital.
Vous venez de répondre à « pourquoi faites-vous de la musique »,
en dehors des malades dont nous venons
de parler, pour qui faites-vous de la musique ?
Pour qui ? Pour les amoureux.
Votre musique nous transporte dans un monde particulier. Ce monde
correspond-il à Pétosaure
seulement
? Correspond-il aussi à Meunier (Capitaine fantôme) et à « la
brute épaisse » Krispy Krust (Don
Coco) ?
Oui, je suis entouré de personnes avec qui je travaille depuis
très longtemps. J’ai toujours
aimé
voir la lumière quand je suis sur le bateau. Ils sont dans mon
monde. Ce projet reste un souffle d’espoir.
Pétosaure, alors pouvez-vous dire tous les trois que vous jouez la
musique qui vous plait ?
On a des liens humainement parlant. On aime ce projet, chacun se
représente dans ce projet.
Comment composez-vous ? Pétosaure, vous composez seul ?
Je compose uniquement seul. Je suis rarement accompagné de
quelqu'un. J’ai besoin de
m’éloigner
de tout. Je bois, je prends du c....s . J’arrive à me retrouver
justement quand je me perds.
Votre premier album est une merveille. Je l’ai visité comme une maison hantée, avec des ombres. A
la fin on en redemande : dix pièces, ce n’est pas assez. Pensez-vous enregistrer un nouvel album ?
Une maison hantée avec dix pièces ? Je laisse libre
d’interprétation. J’offre un monde qui
prendra
la forme qu’il voudra. Oui, il laisse sur sa faim. J’ai besoin de
faire des choses extrêmes. Quand j’aime,
c’est à faire exploser mon cœur.
J’ai
déjà commencé d’enregistrer en vue d’un deuxième album. Je
viens du Metal et on partait très loin, très
vite. J’ai vieilli, je me retrouve à faire vivre un album. Je
compose tout le temps, ce qui fait que je me couche
vers minuit – 1 heure du matin. Mais la plupart des mélodies sont
dans ma tête depuis 10 – 15 ans.
La
suite arrive très vite, mais quelque chose avec plus de colère,
plus d’agressivité, plus d’amour, un peu personnel.
Cela donnera un album plus profond, plus tentaculaire. Je ne sortirai
pas un album qui ne me plait
pas entièrement.
Voyez-vous PETOSAURE sur un long terme ?
Plus le temps passe, plus je me rends compte que la musique va être
nécessaire. Je ne trouve
pas
de l’amour dans les autres domaines. J’écris
de la musique si j’arrive à atteindre du monde, si je peux vivre
de ça, et en faire profiter les autres, alors
oui. J’ai envie d’offrir une vie à cette musique, sortir des
albums différents. J’ai envie de voir les choses
changer dans cette société. Ce que je peux faire c’est de la
musique, je serais peut-être utile en donnant
des choses à aimer.
Former un groupe n’est pas évident. D'après ce que j’ai pu
lire, cela a été pour vous une évidence,
est-ce
vrai ? Et la formule de trois, vous convient-elle ou envisagez-vous
d’agrandir le groupe?
Le trio, cette forme nous permet d’émerger. J’aimerais monter
un spectacle sur scène avec des
chœurs,
des saxos, flûtistes... accéder à la liberté et à la musique
avec d’autres personnes. Ce qui m’en empêche,
c’est une histoire de finances.
Photo Valentin Nauton
Comment se passent les enregistrements ? Jouez-vous avec exactitude
ce que vous avez répété
pendant
des heures ?
Nous ne pouvons répéter qu’une fois ou deux. On se connaît, on
s’écoute : pas un instrument
ne
peut se passer de l’autre. Il y a un sentiment fraternel qui naît
entre nous, on peut jouer 24 heures ensemble,
les ressentir. Mais une seule répète suffit pour se rassurer. On se
retrouve sur l’intensité, une dose
de travail courte mais intense.
Et sur scène, comment cela se passe-t-il ? Rejouez-vous l’album
en restant fidèle à la moindre note
ou
alors vous vous lâchez et improvisez par moment ?
Cela dépend de la compo. Le but est de faire plaisir aux gens qui
s’investissent. Je n’impose
rien
de définitif. Je reste attaché à une ligne, mais je me laisse
aller à l’impro, elle se transforme à chaque fois.
Sur scène on cherche autre chose.
Jusqu'à quel point vous autorisez-vous d’improviser ?
Les limites de mes capacités. Je me découvre et je ne me fais pas
confiance, je suis courageux
et
timide. Lorsque je suis sur scène, je ne suis pas la même personne
que dans la vie de tous les jours. On fait
de la musique avec honnêteté et sincérité. Dans la vie de tous
les jours, je suis une personne avec beaucoup
de cynisme. Je vais apprendre à me connaître. Je cherche encore.
Quand je serai en phase avec moi-même,
j’irai plus loin.
Tout le monde est-il invité à voir PETOSAURE, ou est-ce seulement
réservé à une sorte d’élite ?
Une élite ? Cela me ferait de la peine. Je ne le souhaite pas. Je
pense que la musique doit
refléter
un état d’esprit propre. Certains seront attirés parce qu’ils
sont voyeurs. Tout le monde peut se retrouver
dans ce projet. L’image que j’aimerais véhiculer est celle-ci :
« Regardez je fais ce qui me plait et
je suis heureux ». En fait j’aimerais arriver à faire vivre
beaucoup de gens par l’amour.
Que vous apporte la scène ?
La scène m’apporte une délivrance, c’est aussi une ouverture
aux autres, une mise à nu :
accepter
d’être une bête de foire et parfois un animal sacré.
Vous laissez-vous influencer par l’attitude du public ?
J’ai l’impression de ne pas avoir regardé le public. Ce qui
m’intéresse c’est de voir les
visages.
Je porte des lunettes noires c’est pour cela. J’aime voir les
lèvres bouger, chanter mes chansons. J’essaie
donc de voir, de les emmener avec moi. Chaque concert passe tellement
vite, est tellement fort qu’à
la fin il ne me reste que le souvenir de quelques expressions sur des
visages.
S’il n’y avait que deux personnes dans la salle est-ce que vous
joueriez comme si elle était pleine ?
Oui, je ne rate pas une occasion. Je suis là pour jouer car j’aime
chanter. Je ferai le meilleur
concert.
J’ai fait du Metal, cela nous est arrivé d’avoir des salles
vides, mais cela ne nous a jamais empêché
de jouer.
Quels genres de salles aimez-vous ? Le Stade de France, est-ce un
rêve ?
J’aime les salles intimes qui ont une âme. Le Stade de France ne
l’est pas. Je ne suis pas
rebuté
par une salle étriquée. J’aime les salles avec un passif, une
gueule.
Seriez-vous prêt à faire un tour du monde en faisant que des
petites salles et ceci dans toutes sortes
de
pays ? (Là je lui explique ce qu’à fait Marco Zappa Trio l’année
passée, jouant même avec des artistes locaux).
Oui, le but pour moi est de faire un voyage. Ce qui compte pour moi
c’est de partir sur les
routes.
On y rencontre des gens, des lieux. Le voyage est important et
nécessaire et aller à la rencontre des gens
avec sa musique. J’adore la route que je préfère aux
destinations.
PETOSAURE me donne l’impression d’être prêt à toutes sortes
d’expériences musicales. Qu’en
pensez-vous
?
Oui c’est vrai, je ne veux pas m’enfermer. La musique c’est
fait pour changer tout le temps :
gammes,
rythmique, chercher à trouver des sons.
Photo Valentin Nauton
Vos écoutants (c’est comme cela que j’appelle ceux qui
écoutent de la musique et je n’aime pas le
mot
« fan ») doivent-ils s’attendre à vraiment de grands
changements, un peu comme UFO entre leurs premiers
albums « progressifs » et les suivants qui étaient du Heavy Metal
?
J’aime le changement d’attitude, les formes changent, mais les
gens ne se perdront pas. Je n’ai pas
comme but de perdre les gens. Je serai... je ne produirai pas de
musique intrinsèquement différente, mais
je lui donnerai des aspects très changeants.
PETOSAURE est-il un groupe prêt à faire des duos ?
C’est déjà le cas sur « Le fantôme de l’enfant », il est
chanté par un chanteur invité Weerdo et aussi par Jaky.
Dernièrement je suis allé trouver Anosmiac ,un ancien guitariste de
groupe de métal que l'on connaissait à l'époque qui fait
aujourd'hui de la musique electro à Besançon et je chante sur le
morceau de son nouveau projet. Dans le prochain album, il y aura des
rencontres.
Et tout un album avec un autre groupe comme l’on fait Bo Ningen
et Savages ?
Cela pourrait se produire.
Revenons à la scène. Quel est votre état d’esprit avant de
monter sur scène ?
Je suis terrifié, j’ai le trac.
Et pendant le concert ?
Un monstre, une bête de foire volontaire. Il y a beaucoup de jeux,
j’ai beau jouer des rôles, je
me
cache en fait.
Et enfin après le concert ?
Épuisement. Il faut vite que je m’écarte du monde.
Comment conciliez-vous votre vie de tous les jours et PETOSAURE ?
Difficilement. Heureusement ma banquière me couve, elle me prend
comme un fils. J’aime
profiter
de la vie. Les choses tourneront pour le mieux quand il le faudra.
Les événements qui vous entourent, qu’ils soient grands ou
petits, influencent-ils PETOSAURE ?
Jusqu'à
quel point ?
Évidemment ils influencent ma musique. Je ne représente aucune
forme de politique. Ce que je
recherche
c’est de grandir, accompagner les Hommes durant leur vie. J’ai
envie de créer leur peine et de les consoler.
Etes-vous sensibles aux remarques de vos écoutants et
peuvent-elles influencer votre musique ou
vos
textes ?
Extrêmement. Je suis en remise en question permanente. Je suis
fidèle à mes intuitions. Il faut
s’écouter,
il y a quelque chose qui crie : Il faut toujours écouter la plainte.
Si
je devais être influencé, c’est parce que je serais touché par
cette personne. J’ai du mal à écouter les gens.
Je suis particulièrement têtu.
Que voudriez-vous que l’on retienne de PETOSAURE ?
C’est l’amour du changement, la force du bouleversement et le
risque. L’ordre des choses
n’existe
pas. Les choses ne doivent pas être faciles. Le chemin doit être
dur, plein de bonnes et mauvaises surprises.
Je me donnerai tous les moyens pour arriver parce que je suis vivant
et que j’ai une passion.
Photo Valentin Nauton
Pétosaure, dernières questions courtes. En deux mots : Jaky La
Brune.
Histoire d’amour.
En deux mots Nicolas Ker.
Énigme volatile
En deux mots Alexandre Dumont.
Providence fortuite.
Les deux artistes que vous préférez ?
Charles Trenet. Je l’ai aimé entre 4 et 6 ans et je lui ai écrit
de nombreuses lettres. Je l’ai
rencontré
une fois au Palais des Sports et je l’ai embrassé, j’avais 4-5
ans.
Alain
Bashung. Mon père écoutait de la chanson française, mes parents
ont fait ma culture musicale. Bashung,
sa mort m’a touché. Cela m’arrive de pleurer quand je l’entends
dans ma voiture. J’aurais aimé le
rencontrer et le voir sur scène.
Pétosaure, je vous laisse conclure.
Je vous aime.
Krispy Krust, Petosaure et Meunier
Photo: Valentin Nauton
Le
lendemain, C’est au tour de Krispy Krust (Don Coco) de passer à la
question. Nul n’échappe au
terrible
Ichigo Samuru. Oui, bon Meunier n’a pas pu être présent, c’est
ainsi, n’est-ce pas ?
La première question est obligatoire : un malade vient vers
vous et vous dit que votre musique
calme ses maux, lui font du bien, qu’est-ce que cela vous fait ?
Sensation d’accomplissement. Les projets d’un artiste
c’est de toucher les gens et de leur
apporter
quelque chose. La musique procure des sensations, mieux que la
technique. La finalité est importante.
Pourquoi faites-vous de la musique ?
Depuis petit j’aimais le spectacle, la musique. J’ai été
bercé par la Pop, le Rock Progressif. Quand je
me suis remis à la musique, j’avais déjà entendu Genesis et Yes.
J’écoutais de la Pop, du Jazz, de la musique
classique. Puis j’ai réécouté Genesis en concert.
J’ai
commencé la batterie au collège. A ce moment j’écoutais du Punk
et du Metal. Je ne m’intéressais pas
au sport et à l’informatique. Je me suis donc mis à la batterie,
pris de passion. Je connaissais le jeu de Phil
Collins avant d’avoir touché une batterie.
Pour qui faites-vous de la musique ?
Les racines c’est la passion. Je fais des sessions pour des
choses qui ne me plaisent pas forcément. Mais
cela me permet de gagner de l’argent donc c’est bien. Je fais de
la batterie pour moi, pour dire les choses
: la batterie est le moyen de m’exprimer. Je
ne suis pas expansif, mais la batterie permet de vous exprimer, le
fait de crier pour que les gens puissent
le voir. La
musique va à l’encontre des réseaux sociaux où l’on se montre.
PETOSAURE vous correspond-il ?
Pétosaure est arrivé avec ses morceaux bien marqués. « Venez
jouer avec moi dans mon univers » On
apporte chacun des parfums différents. Le projet est de Pétosaure,
le résultat est la forme des trois.
Avec PETOSAURE, jouez-vous la musique qui vous plait ?
Oui, avec ce projet. Cela fait 16 à 17 ans que je joue de la
batterie. PETOSAURE est un groupe qu’on
aurait aimé avoir depuis longtemps car avec Pétosaure, il y a du
lâché prise... est-ce qu’on a assez de
talent ? Ce qui ressort de notre musique est naturel Oui
je joue la musique que j’aime, c’est une extension de moi-même.
Pétosaure nous demande d’être nous-mêmes.
On n’est pas là pour jouer le style de xyz. Les morceaux sont
naturels.
Est-ce que vous composez ?
J’apporte de la compo en terme de style de morceau.
Je vois l’album de PETOSAURE comme une maison hantée.
C’est un univers sombre, intriguant. Chaque morceau à son propre
univers.
Voyez-vous PETOSAURE sur un long terme ?
Oui complètement, aussi longtemps qu’on s’entendra. Ce qui m’a
plu : on ne s’est jamais pris la tête
pour travailler ensemble. Le dernier morceau, toute la structure de
la partie batterie est spontanée.
Former un groupe n’est pas évident, mais pour PETOSAURE cela a
été une évidence ?
Oui, naturel, spontané. Quand on veut créé un groupe c’est en
effet pas facile. Ensemble on fait ce qui
marche, on imprime tout de suite. Quand on est ensemble, on sait ce
que chacun est capable de faire.
La formule du trio vous convient-elle ?
Parfait.
PETOSAURE envisage-t-il de s’agrandir ?
Non sauf si c’est le même état d’esprit. C’est l’état
d’esprit qui compte au final.
Comment se passe les enregistrements ?
On est tributaire des séquences, des synthétiseurs. Je joue avec
un métronome. Les instruments
varient,
on veut aller toujours plus loin, le résultat en live est plus
percutant. La batterie est à mis chemin entre
le free Jazz et le Metal. Il y a plus de détails sur le CD.
D’ailleurs en l’écoutant on redécouvre les
morceaux.
Sur scène improvisez-vous par moment ?
L’improvisation, même la plus libre possible, c’est de la
composition en temps réel qui obéit à des règles.
Il faut un certain carcan, que cela ait du sens. Qu’est-ce que je
peux utiliser ? Puis-je assurer ? Nous
sommes libres dans un cadre.
Tout le monde est-il invité à voir PETOSAURE, ou seulement une
élite ?
Il n’y a pas de caste. La musique est faite pour tous. Chacun
écoutera à son niveau Miles Davis,
Genesis,
le Rap, la Country ou le Jazz. Je ne me dis pas, tiens tel ou tel
n’écoute pas du Progressif. L’important
est que cela plaise ou pas. Il y a des gens qui font des chansons
simples et qui touchent. On
fait de la musique qui nous ressemble.
Que vous apporte la scène ?
Une libération, c’est l’explosion, c’est physique. On ne
fait pas un concert de PETOSAURE
comme
on fait les courses.
Vous laissez-vous influencer par l’attitude du public ?
Oui dans le bon sens. S’il n’y a pas de réactions, je ne vais
pas changer ma musique et s’il y a de
l’ambiance,
cela nous tire vers le haut.
Que faites-vous s’il y a deux personnes dans la salle ?
On n’arrête pas le concert. Le concert nous fait du bien, c’est
pour ça.
Le Stade de France vous fait-il rêver ?
Le Stade de France me fait rêver. Il faudrait des salles
intimistes et des grandes scènes !
Seriez-vous prêt à faire le tour du monde en ne jouant que dans
des petites salles et cela dans
n’importe
quel pays ?
Complètement. C’est une manière de faire de la musique, de
rencontrer des gens.
Pentagruel - Petosaure (Live Au Supersonic)
PETOSAURE me donne l’impression d’être prêt à toutes sortes
d’expériences musicales. Qu’en
pensez-vous
?
Complètement. On aime faire le plein de musique. On a tous des
rêves qu’on aimerait essayer.
Doit-on s’attendre à de grands changements dans la musique de
PETOSAURE ?
Si on faisait une cassure ce serait une évidence. Comme chaque
morceau vit par lui-même, la
musique
va muer. Le nouvel album sera du PETOSAURE. La transmission se fait
si les gens viennent à nos
concerts. Ils entendent les morceaux du prochain album.
PETOSAURE est-il un groupe prêt à faire des duos ?
Oui ou une participation. On peut jouer avec d’autres gens.
Avez-vous des noms ?
Pas forcément, sauf pour le solo de violon. Il faut que la chanson
le demande.
Et tout un album ?
Oui complètement. On est partant pour de telles choses.
Revenons à la scène. Quel est votre état d’esprit avant de
monter sur scène ?
J’ai envie de me lâcher. J’ai hâte d’y être pour pouvoir
me lâcher.
Pendant le concert ?
Au début concentré. Au bout du deuxième morceau on commence à
être chaud et après...
Après le concert ?
Je me sens bien, c’est l’occasion de voir les gens. Cela me
permet d’être plus naturel. Il reste
l’euphorie
du live. On est suivi par des amis et de la famille. J’aime tout
dans le concert.
Comment conciliez-vous votre vie de tous les jours et PETOSAURE ?
C’est dans le milieu artistique, donc bien.
Les événements qui vous entourent, qu’ils soient grands ou
petits, vous influencent-ils ?
Oui, mais plus les événements personnels, aucune affiliation
politique. On veut parler des choses qui
peuvent toucher les gens.
Etes-vous sensibles aux remarques de vos écoutants ?
Oui, mais cela ne va pas me dicter comment faire de la musique. Je
prends tout ce qu’on me dit.
Que voulez-vous que l’on retienne de PETOSAURE ?
La puissance des émotions qu’on transmet. La puissance de cet
univers.
En deux mots Jaky La Brune.
C’est la quatrième personne du groupe. Il y a plein de gens qui
gravitent autour de nous.
En deux mots Nicolas Ker.
Torturé, ...
En deux mots Alexandre Dumont.
Dandy à l’écoute.
Deux artistes que vous préférez ?
Genesis, Miles Davis.
Je vous laisse conclure.
Excellent interview.
Merci... vous me troublez.
Troublé
je l’étais les amis. Quitter ces deux artistes, Pétosaure et
Krispy Krust, est quelque chose de
difficile,
je regrette de ne pas pu avoir interviewer Meunier, mais comme les
autres, il est dans mon cœur.
Je
vous conseille de vite acheter « Le fantôme de l’enfant ». Are
you Punk ?
Art of Jaky La Brune
Réalisation d'un digipak pour PETOSAURE, pochette et livret, 2017