MARCO ZAPPA fête ses 50 années de carrière
Marco Zappa… musique sans frontières.
Il y a trente ans, à
Vevey, une jolie petite ville au bord du Lac Léman, côté Suisse,
dans le magasin Discopanorama qui n’existe peut-être plus, les
vinyles de Frank Zappa défilent devant mes yeux à mesure que mes
doigts les poussent dans leur bac.
Soudain, je tombe
sur un disque qui me surprend : «Allegri ma non troppo »….
du MARCO ZAPPA ENSEMBLE !!!!!!!??????? Je sors avec précaution
cet album de sa place où il paraissait m’attendre sereinement afin
que je puisse connaître ce musicien hors pair qu’est Marco Zappa.
Illico, j’achète la troublante découverte et arrivé chez moi je
scrute le mystérieux 33 tours que je tiens dans les mains
.
Jamais je n’avais
entendu parler de Marco Zappa. Au dos de la pochette, en bas, je lis
un numéro de téléphone. J’appelle. Le téléphone sonne et
quelqu’un répond : à l’autre bout de la ligne, une voix
chaleureuse, sympathique, accueillante : Marco Zappa. Nous
parlons musique un instant, puis il m’invite à venir le voir en
concert à Monthey, en Valais.
Le jour venu, je m’y
rends avec le batteur de notre groupe. A la fin du concert, un moment
agréable où les notes musicales, pas très familières, nous
charment sans forcer. Nous sommes ravis. Zappa chante en italien, je
ne le comprends pas - mais comme le dit Nicolas Ker : « La
voix est un instrument » -, sa voix me touche. Marco Zappa est
chaleureux et généreux dans tout son art. La chanson qu’elle soit
en italien ( comme Adriano Celentano), en allemand (Udo Lindenberg),
en anglais (Bob Dylan), en japonais (Asagi), lorsqu’elle est bien
écrite et chantée avec conviction ne peut laisser l’auditeur
froid et distant. En tous les cas Marco Zappa a le don de
transmettre, de vivre sa musique et ses chansons simplement,
humainement.
Après le concert
qui était en plein air, nous nous retrouvons sur une terrasse en
train de boire une bière. Nous avons passé un instant de partage
intéressant et réjouissant.
Marco Zappa, bien
qu’il a derrière lui 50 ans de carrière reste un homme simple et
ouvert, d’une grande gentillesse. Son dernier album « MarcoZappa
& Friends PuntEBarrieR » qui se présente sous forme
d’un beau CD avec un livret, ou d’un double vinyle, retrace cette
carrière riche. Les morceaux sont rejoués par une dizaine de
musiciens de grande qualité dont sa fille Daria au violon ainsi que
deux choristes.
Les deux musiciens
qui accompagnent le maître et qui forment le MarcoZappaTrio, sont
présent Goran Stojadinovic à l’accordéon et au piano électrique
et Ilir Kryekurti à la batterie, au conga, aux timbales et aux
percussions ethniques. Concernant le fameux MarcoZappaTrio, je ne
peux que vous recommander leur Live UnaNuovaForza.
Cet album est
sorti avant l’album dont nous parlons. Le MZT a fait le tour du
monde en jouant dans des petites salles et en jamant avec des
musiciens locaux. Le Live lui est un concert donné à Lugano le 24
octobre 2014. Il comporte 13 morceaux plus un Bonus Track. Mais
revenons à l’album anniversaire.
Il n’y a rien à
jeter dans cet album que je pourrais vous raconter morceau par
morceau comme je le fais des fois, mais là je ne le ferai pas pour
la simple et bonne raison, c’est que la musique de Marco est
tellement belle et généreuse, alors quand on a parlé de Marco
Zappa, on a parlé de sa musique. Une musique qui plonge ses racines
dans le Rock et divers folklores. C’est une musique sans frontière
que tous peuvent écouter avec un grand plaisir. L’italien ne gène
absolument pas tant elle colle avec sa musique.
“PuntEBarrieR”
, 18
morceaux inédits sur le thème des Barrières et des Ponts entre les
hommes, dans les
différentes situations de la vie. Les arrangements
et les instruments que j’ai utilisés sont un peut une synthèse
des situations musicales que j’ai aimées
et expérimentées
dans ses années:
du
blues, au swing, du folk à l’ethnique, du rock’nRoll à la bossa
etc…” (Marco
Zappa)
Dix huit morceaux
qui nous font du bien. Qui nous permettent de partir, de voyager avec
ce troubadour des temps moderne qu’est Marco Zappa. Dix huit
morceaux, qui nous invitent à connaître mieux l’artiste et c’est
ce que nous allons faire maintenant, et pour approfondir un petit
peu, nous écouterons aussi Madame.
" Ma
musique c’est moi même" (Marco Zappa)
Bonjour Marco
Zappa, vous fêtez vos 50 ans de carrière. Pourtant vous êtes peu
connu en France. C’est l’occasion de vous faire connaître. Un
peu par obligation je vais vous poser des questions concernant Frank
Zappa, parce qu’on me pose souvent des questions à ce sujet.
Êtes-vous de la
même famille de Frank Zappa ?
C’est
très difficile de savoir exactement les choses. Je sais que mon
grand père me racontait que ma famille était originaire de la
Sicile et que après, avant d’arriver en Suisse, ils sont
venus
dans la région de Lecco sur le lac de Como. Je sais que
Frank venait aussi
de la Sicile
et c’est possible qu’en
ces temps là, les familles
étaient très proches, mai concrètement on ne
sait rien.
Vous avez
commencé presque en même temps, cela ne vous a jamais gêner de
porter le nom de Zappa ?
Non,
j’ai connu la musique de Frank quand j’étais étudiant a Milan,
dans les années 70.
Le
seul moment dans lequel cette situation m’a porté un peu de
problème, c’est quand j’ai fait mon Premier album “Change”
pour EMI, en 1975, et je voulais y donner seulement le nom Zappa
(sans Marco) et EMI m’a dit que ça pourrait porter des problèmes
avec l’autre Zappa!
Avez-vous eu
déjà eu l’idée de reprendre des morceaux de Frank Zappa ?
Non.
Nous jouons des musiques différentes: pas dans l’idée, mais dans
le sound. En 1970 (après deux albums de Rock synphonique) je
cherchais à faire ma musique à contre courant, avec un Cello, une flûte traversière et ma guitare. Pour moi, dans ces années la
musique de Frank était trop étrange et pas possible dans les
théâtres dans lesquels je jouais.
Moon
Zappa, la fille de Frank, m’a dit que Mattia, votre fils,
ressemblait à Dweezil, le frère de Moon. Qu’en pensez-vous ?
Ohh…
je n’ai jamais
pensé a ça,
mais ici on voit que le sang est le même!!
Parlons
d’autres Zappa :
Et Riccardo Zappa
est-il de votre famille ?
Riccardo
je le connais bien, on a fait des concerts ensemble il y a quelques
années.
Il
est un formidable guitariste: avec sa guitare à 12 cordes! Nous
sommes de lointains cousins.
Connaissez-vous
John Zappa ?
Non
(?)
Marco Zappa d’où
êtes-vous originaire ?
Mon
père, comme j’ai dit, était tessinois emporté de l’Italie, de
Meride et ma mère venait de la Suisse allemande, de Zofingen. Elle
voulait toujours me parler en suisse allemand, mais je ne voulais
jamais et répondais en italien. Le suisse allemand me sert
beaucoup aujourd’hui, pour m’expliquer
lors de
mes concerts dans ces régions.
Pourquoi
avez-vous voulu faire de la musique ?
Mon
oncle était un pianiste très intéressant. A
Noël, ma
grand mère jouait de
l’harmonium. Ma
mère jouait de
l’orgue à
l’église et ma tante ma appris les premiers accords de guitare,
quand j’étais
enfant… J’ai commencé à jouer l’Harmonica a bouche chez
les scouts et toute de suite aussi de
la
guitare. On chantait toujours tous ensemble et j’écoutais les
chansons de Celentano que je chantais tout-de- suite. Et puis les
Shadows! Les Beatles!!!
Pour qui
jouez-vous de la musique ?
Pour
moi même, c’est toujours un grand plaisir,
mais surtout pour le public
que je rencontre toujours et partout dans mes concerts. Ma musique
c’est moi même. La musique, pour moi, c’est un donner
et un recevoir en
même temps. Tu joues
bien, quand tu réussis à créer une symbiose entre les
musiciens et le gens qui écoutent et qui te donnent leur visage et
leur cœur attentifs:
tu les vois dans le théâtre.
Marco Zappa, de
combien d’instruments jouez-vous ?
J’en
joue et j’en aime vraiment beaucoup; chaque
instrument me donne quelque chose de différent. Chaque instrument
aide les autres instruments! Un instrument a une âme et représente une culture, un moment, des sensations, des lieux… Mais je réussi
à jouer un nouvel
instrument seulement si je le comprends, si je réussi à
trouver son secret. Alors j’étudie
comment
l’utiliser et il devient partie
intégrante de mes sensations. Je
peux le
jouer pour exprimer
des sensations particulières que je ne pourrais pas exprimer
de
la même façon avec un autre. Par exemple,
la
sitar: je la
connaissais
depuis les
Beatles, dans les années 60, mais je ne l’aimais pas beaucoup, pour moi c'était à l’époque seulement un ensemble compliqué de
cordes. Pendant mon tour en Inde (NewDehli…) j’ai trouvé des mètres qui m’ont montré et expliqué l’instrument. Alors
j’en ai
acheté un et avec leur aide et aussi
des livres sur la technique, maintenant je la
joue avec beaucoup de plaisir!
" Un
instrument a une âme et représente une culture, un moment, des
sensations, des lieux…"
(Marco Zappa)
La guitare
est-elle quand même votre instrument principal ?
Oui
et elle est le
maître
aussi pour pouvoir jouer des autres instruments
à cordes complètement différents. Mais il faut dire que ce
que j’apprends sur un autre instrument, apporte
après encore quelque chose de nouveau sur la guitare. J’avais
appris aussi la flûte et grâce à elle j’ai pu étudier les
clarinettes que j’ai trouvé en Albanie… Quand j’avais 6 ans
j’avais étudié (pour faire plaisir à ma maman qui aimait la
musique classique) le piano. Aujourd’hui,
je joue mon vieux Hammond ecc…
Parlez-nous de
votre premier groupe.
Oui,
c’étaient les Teenagers, avec lesquels j’ai sorti mon premier 45
tours
“Complication” en 1967. C’étaient les années 60, quand
ce genre de musique rock-blues commençait à prendre pied. Et c’était
tout nouveau et vierge! J’ai des souvenirs très beaux sur la spontanéité et sur le
grand besoin d’apprendre: ce que j’ai encore aussi aujourd’hui!
Pourquoi
avez-vous continué sous votre nom ?
On
commence toujours à former une groupe avec les amis qui, l’un
après l’autre, décident de prendre des autres chemins
ou de ne plus faire de la musique. Et tu a quelque chose que tu veux exprimer, tu veux trouver une
voie personnelle dans laquelle tu peux dire et écrire tes idées…
C’est automatique: lentement le nom est le tien et ta musique c’est
toi et personne d’autre.
Pourquoi le choix de chanter en italien ? Ne pensez-vous pas
que l’anglais vous aurait encore ouvert plus de portes ?
Oui,
j’ai enregistré
les deux
premiers LP en anglais,
parce que, en
ces temps là, l’anglais
était la langue de la musique la plus en vogue et commerciale.
Aussi EMI voulait
absolument que ma musique soit en anglais.
Les premiers deux albums représentaient
pour moi la possibilité de montrer à moi même et aussi aux
autres, ce que j’avais appris de l’Angleterre
et de la musque américaine de l’époque, mais
il y avait rien ou très peu de moi même, c’était une copie de ce
que
d’autres faisaient. On pense toujours ouvrir les portes du succès
avec quelque chose de commercial et très proche de
ce qu’on écoute toujours à la radio. Les jeunes groupes
d’aujourd’hui le
font aussi!
Le choix de l’italien
en 1979, c’était avoir compris l’importance de pouvoir dire des
choses que les gens comprennent dans ta culture et dans ta langue. Je
crois que chaque artiste devrait être reconnaissable pour son temps,
par son lieu, par sa culture. Ça
dépend aussi des lieux dans lesquelles tu fais tes concerts: j’ai,
dès 1979, choisi les petits théâtres dans lesquelles le public veut comprendre des histoires authentiques
dans ta langue et comprendre ta culture.
J’ai toujours dit que dans chaque art il faudrait sentir le parfum
de la terre et de la culture de l’auteur.
Naturellement, quand je joue dans un pays avec une autre langue, je
cherche à expliquer tous les textes
dans la langue du pays (ou en anglais). Il
faut toujours créer un lien avec le public.
"...dans
chaque art il faudrait sentir le parfum de la terre et de la culture
de l’auteur."
(Marco Zappa)
Est-il facile
d’être musicien en Suisse ?
Non,
c’est très difficile, parce qu’il y 4 langues et cultures très différentes.
Mais si tu réussis à porter ta musique dans les endroits justes, ou
le public
t’écoute et comprend ton message, comme les théâtres,
alors on te connait pour ce que tu es. Mais il faut être authentique
et personnel. Il ne
faut pas imiter, il faut être soi même. Il faut aussi, en Suisse,
trouver ta voie
et ton style!
La
difficulté est donnée du fait que le temps passe et change aussi
les personnes, les directeurs des théâtres, le public. Il faut
toujours arriver avec quelque chose de neuf et de classe. Autrement,
si tu n’a plus quelque chose à dire, si tu n’a plus la force de
travailler, d’étudier, de chercher une amélioration… tu es
fini.
Parlez-nous de
votre style musical et que racontez-vous dans vos chansons ?
Mes
chansons parlent de la vie, de ma vie, de la vie du monde, des
rapports avec tous ceux que je rencontre et qui me donnent la
possibilité de dire quelque
chose qui
me touche et qui pourrait
toucher tous ceux qui ont une sensibilité et une
profondeur de pensées. Chaque Album correspond à un moment de ma
vie. Et c’est
très important: chaque œuvre
doit être mise dans le moment et le temps historique dans lesquelles
elle est née. Aussi les instruments et mes arrangements sont dans
cette ligne: ils doivent être le vêtement
parfait
pour le thème traité et pour l’histoire que je raconte.
Mes
chansons sont comme un livre qu’il faudrait lire attentivement et
chaque morceau de chaque album est lié aux autres par un fil rouge:
comme les chapitres d’un livre.
Et
dans les concerts dans les théâtres tout ça
passe des musiciens au public et revient tout de suite aux musiciens:
c’est la magie du spectacle live dans le juste endroit.
"Mes
chansons sont comme un livre qu’il faudrait lire attentivement"
(Marco Zappa)
Pourquoi cette
recherche de folklores étrangers ?
Chaque
peuple et chaque culture, dans tous les moments
historiques, ont leur
propre musique qui correspond aux goût
et à
l’histoire des gens du lieu. Pendant
toutes
les tournées dans le monde, (Inde, Sudafrique, Pérou, Turkie, Albanie, USA, Italie, Norvège, Espagne…) j’ai
cherché de connaitre les gens du pays et naturellement je entre en
contact avec les musiciens du lieu et on fait de la musique ensemble:
on se connait dans une autre façon, on parle toujours un langue qui
nous permet de nous confronter et te nous partager nos secrets, nos façons de vivre, de résoudre nos problèmes…
Et
la musique nous donne toutes ces possibilités. Quand j’ai la
fortune de connaitre aussi des nouveaux instruments qui sont typiques de cette culture
et quand je trouve quelq’un qui me donne les
premières leçons pour connaitre ses secrets, alors
c’est le moment de commencer à étudier et à apporter
ces nouvelles sonorités dans ma musique.
Vous
donnez des concerts avec diverses sortes de formations, pouvez-vous
nous les présenter?
Oui!
Pour cet anniversaire du 50ème de la sortie de mon premier 45 tours
“Complication”, nous avons travaillé sur 3 Programmes de
concert:
·
“PuntEBarrieR”
(Dans les théâtres)
(Nouveau CD et double LP-Vinile)
18
morceaux inédits sur le thème des Barrières et des Ponts entre les
hommes, dans les différentes situations de la vie. Les arrangements
et les instruments que j’ai utilisés sont un peut une synthèse
des situations musicales que j’ai aimées et expérimentées dans
ses années: du blues, au swing, du folk à l’ethnique, du
rock’n'Roll à la bossa etc… de mon vieux Hammond avec son Leslie,
à la clarinette, du Bouzouki au luth, de la Harpe, au cifteli
albanais…
·
“BackToThe’60”
(dans les Pubs, comme
une fois!)
Un
programme qui reprends le répertoire que je jouais il ya 50 ans
(Celentano, Beatles, Kinks…) avec mon Trio (Guitare, bass et
batterie).
·
“YesterdayBeatlesToday”
(Dans les Festivals
“BeatlesDays Brescia, Bellinzona, Liverpool…) Un
programme
complètement
dédié
à la musique des Beatles (Trio plus différents hôtes).
Marco Zappa combien avez-vous sorti
d’albums ?
J’ai
travaillé beaucoup et avec beaucoup de musiciens durant
ces
50 ans. J’ai sorti 40 Albums.
Tu
peux les trouver tous sur marcozappa.ch (1)
Chaque oeuvre est monographique et tous les
Songs de chaque disque traitent un thème précis et sont pensés
et organisés
dans la structure du programme
pour former un concert cohérent et concret.
Le
dernier "PuntEBarrier" est une petite merveille,
pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je
crois qu’il faut l’écouter et comprendre les textes: Encore
mieux si on l’écoute live pendant un concert. Là explique toujours ce qui m’a porté à écrire le morceau et
toujours d’une façon un peux ironique, avant tout j’ironise
moi-même!!
Après
50 ans de tournées et de compositions, maintenant je dis ce que je
pense d’une façon plus directe. Même les thèmes traités sont très
actuels et je veux toujours qu’on réussisse à voir dans toutes
les situations le verre à demi plein.
Sur
ma home page (marcozappa.ch) vous trouvez le livret du CD avec toute
les explications de chaque chanson.
Lorsque
vous composez, le faites vous en vue de la scène ?
Oui,
ma musique est pensée globalement: le texte, la melodie, l’armonie,
le rythme et le choix des instruments pour l’arrangement sont
une seule chose. Peut-être pas tout de suite, mais sûrement au
moment du choix des morceaux à mettre ensemble sur un CD et pour un
spectacle.
Je
travaille jusqu’au moment dans lequel tu sens que tu as trouvé un
équilibre entre toutes ces composentes
La
scène est le lieu ou tout doit fonctionner avec un équilibre sonore
et conceptuel: la magie du spectacle live c’est ça: reproduire
chaque fois ta musique étant fidèle à ce qu’on a préparé.
Tout
ça en laissant toujours beaucoup d’éspace aux moments
d’improvisation qui donnent à chaque concert et à nous-mêmes
quelque chose d’unique.
Pourriez-vous
vous passer de la scène ?
La
scène c’est tout pour moi, aussi le CD sert à nous procurer les
concerts.
Notre
grand travail comprends aussi toute l’organisation des tournées!
"La
musique vit dans chaque spectacle” (Marco
Zappa)
Comment
êtes vous avant, pendant et après un concert ?
Même
si nous avons travaillé beaucoup sur un programme, je suis toujours
très nerveux avant le spectacle, parce-qu’on ne sait jamais
comment notre musique touchera le public. Je contrôle aussi les
aspects techniques du spectacle et chaque salle est acoustiquement différente et nous voudrions toujours reproduire fidèlement les sons
des instruments acoustiques avec lesquels nous jouons.
Seulement
après un ou deux morceaux du concert tu comprends comment ça va. Et
là on devient plus calme et on jouit du spectacle.
J’ai
vu une photo où vous dansez avec une dame âgée, c’était lors
d’une concert dans une maison de retraite ?
Oui,
on était sûr l’île de Ikaria en Grèce et nous avions fait un
tour de concerts sur l'île, sur les places des villages au bord de la
mère, pour trouver de l’argent à donner à une maison de
retraite qui devait fermer, parce-que il n’y avait plus assez
d’argent.
Le
dernier concert du tour été dans cette maison, avec toutes les
personnes âgées qui dansaient avec notre musique et c’était
fabuleux de voir le plaisir que notre musique a porté a ces pauvres
gens et à la fin du concert j’ai aussi… dansé!!
Vous
acceptez de jouer partout ?
J’aime
jouer partout ou il y a l’envie d’écouter ma musique et mes
textes. Et je préfère jouer dans les
petites salles ou je peux voir le visage du public
et voir les réactions à ce que nous disons et jouons. C’est
un donner et un recevoir réciproque.
Je
n’aime absolument pas jouer ou le gens s’en foutent et qui
n’écoutent pas.
“J’aime
jouer partout ou il y a l’envie d’écouter ma musique et mes
textes” (Marco Zappa)
Vous
avez déjà fait le tours du monde avec le Marco Zappa Trio,
pouvez-vous nous dire quelques anecdotes qui vous ont marqué?
Ohhh!
Il y en a tellement
que c’est difficile d’en
trouver
une
plus intéressante
qu’une
autre.
Ce
que je me souviens toujours avec plus de plaisir, ce sont les
rencontres musicales avec d’autres musiciens des pays dans
lesquelles j’ai joué.
Je
joue ma musique et elle est toujours différente selon les
situations, parce que chaque musicien donne du sien, de sa culture,
de sa façon de jouer. Et c’est de même est pour moi quand je joue
un morceau d’un autre musicien dans un autre pays, je joue
complètement avec des nouveaux inputs et j’apprends de nouveaux
échelons, des nouvelles façons d' interpréter.
Toutes
ces expériences se fondent après aussi dans mes nouvelles
compositions. Je crois que pour s’améliorer toujours, il faut
assimiler tous les grands et petites trucs et finesses de chaque
musicien que tu rencontres et les rendre en quelque chose qui
t’appartient, créer une nouvelle synthèse qui te fait faire un
pas avant.
Quels
sont les pays où vous vous produisez le plus ?
Je
vais jouer là où
on me cherche: partout.
Un
temps
c’était plutôt en Suisse, maintenant
mes voyages me portent un peu partout.
Et
ça me
plait
beaucoup: j’aime lier les voyages et les concerts, les concerts et
les voyages.
Quand
c’est possible, Elena (Anele)
et moi restons quelque jours
en plus dans le pays, pour le connaitre mieux et rester avec
les amis musiciens et non du lieu. Pour trouver les instruments typiques et apprendre comment
en
jouer.
Vous
vous êtes déjà présenté pour le Concours Eurovision de la
Chanson (à Vevey, il me semble), pourquoi ?
Oui,
en 1991.
Naturellement
ma musique n’est pas une musique de Festival de ce type.
Mais
en 1991 j’avais un très grand projet musical avec un grand
orchestre et on avait tenu un important concert dans un grande
Tente-Botta dans les Châteaux de Bellinzone, pour les fètes du
700ème anniversaire de la fondation de la Suisse.
Un
m’a demandé de participer aussi au Festival Eurovision. J’ai
accepté, mais avec un morceau qui correspondait à ma façon de
chanter. Je me suis produit avec mes deux enfants: Daria au Violon et
Mattia au Cello. C’est une éxperience que je ne ferais plus
jamais!!
Vous
êtes quelqu’un de très abordable, c’est important pour vous ?
Oui,
j’aime les gens.
Des
fois, par contre mon caractère est aussi très sérieux et peut-être
on pense que je le suis trop.
Je
demande toujours beaucoup de moi même et aussi des autres. Et ça te
porte des fois à devoir vivre des rôles sociaux difficiles.
Aussi dans les répétitions et avant les concerts, je suis très sévère.
Vous
participer régulièrement à des Beatles Tributes, pour quelle
raison ?
Je
suis né musicalement dans les années ’60, avec les chansons de
Celentano avant et tout de suite avec les Beatles. Les Beatles
m’ont appris beaucoup de choses, comme arranger (George Martin),
comme être indépendant musicalement. Si on pense à Elvis… tout
ces chanteurs solistes avaient besoin d’un compositeur, d’un
auteur, des musiciens dans l’orchestre etc… Les Beatles on porté
une nouvelle façon de se produire: il faisaient tout ensemble et de
manière autonome.
Pendant
ces 50 ans de musique je n’ai jamais oublié cette leçon: et aussi
l’envie de porter quelque chose de nouveau dans chaque nouveau CD.
Dans
ces 50 ans j’ai développé une façon personnelle d’interpréter
la musique des Beatles, je suis toujours resté fidèle à leur
style, mais j’ai emporté une façon personnelle d’interpréter
leur musique. Et pour ça j’ai été invité partout aux Beatles
Festivals, de l’Italie, à Liverpool (7 fois), en Allemagne, aux
USA …
J’ai dédié aux Beatles un Double Album “YesterdayBeatlesToday” et un
CD “TributeToGeorgeHarrision” que j’ai présenté aussi à
Liverpool, pendant les “BeatleWeek”.
Nous
sommes invités à ce Festival encore cette année.
Je
joue la musique des Beatles comme si elle était la mienne.
Comment
est perçu Marco Zappa en Suisse ?
Ça
c’est difficile à moi de le dire. Je sais qu’en Suisse j’ai
toutes les années une longe tournée dans les Théâtres et
que mon publique m’aime beaucoup.
Naturellement,
comme j’ai déjà dit, les personnes changent, et il faut toujours
présenter quelque chose de nouveau, pour qu’on ne t’oublie pas.
Mais je ne veux pas vivre sur le passé, sur ce que j’ai fait: nous
sommes toujours en tournée avec du materiel Nouveau.
“...il
faut toujours présenter quelque chose de nouveau, pour qu’on ne
t’oublie pas” (Marco Zappa)
Vous
êtes aussi producteur, produisez-vous d’autres artistes ?
Je
l’ai fait dans
le passé,
mais maintenant je préfère travailler
plutôt sur mes projets.
J’ai
toujours pensé qu’il faut être libre et indépendant.
C’est
un parcours plus difficile, mais tu sais que tu dépends seulement de
toi: c’est toi qui peux et qui dois décider quoi faire et
quoi ne pas faire. Maintenant on travaille très bien avec ma
nouvelle épouse Elena (Anele) et nous travaillons ensemble sur la
production complète de nos œuvres.
C’est
plus difficile, mais tu es libre!
Nous
aimons contrôler notre produit musical: de l’idée jusqu’au CD
fini. C’est comme pour un peintre: lui aussi fait son oeuvre tout
seul!!! Les sujets, les fonds, les couleurs…
Dans
le domaine de la musique, qui est pour vous l’artiste le plus
intéressant en Suisse ?
Aujourd’hui,
aussi en Suisse, il y a beaucoup de musiciens de qualité, mais le
problème est que presque tous font ce que font aussi les
autres, même ceux qui sont les plus connus!
Chercher
un propre style c’est la chose la plus difficile et qui te porte
seulement lentement à te faire apprécier.
Dans
les années ’80 j’avais joué au Jazz Festival de Montreux, le
même soir que Andreas Vollenweider. Lui a fait vraiment quelque
chose de personnel et je l'apprécie beaucoup.
Une
autre groupe des années ’60 qui déjà à l’époque était très
fort, sont les Sauterelles qui encore aujourd’hui, ils font des
concerts d’une grande qualité, même s’il ne jouent pas
seulement leur propre musique.
Vous
avez rencontré dernièrement François Staal. Cette rencontre
a-t-elle été fructueuse ? Avez-vous des projets ensemble ?
Oui,
cette rencontre, (grâce a toi!) a été très intéressante. Nous
nous sommes rencontrés à Paris, sur la péniche de François,
sur la Seine.
On
a parlé de notre musique, des difficultés qu’un auteur-chanteur
comme nous rencontre pour organiser des tournées… et on a vu que
nous sommes dans le même bateau: Suisse et France sont très
proches.
Nous
aimerions faire quelque chose ensemble: une nouvelle chanson, une
tournée, des concerts à Paris, en France et en Suisse, mais pour le
moment nous n’avons pas encore de choses concrètes en vue.
Vous
désirez faire une tournée en France ?
Oh
oui!
J’ai
joué très peu en France et je suis sûr
que notre musique et les thèmes de nos chansons pourraient
trouver un public
très intéressant et intéressé.
Avez-vous
quelques mots à dire au français qui vont lire cet article ?
Oui volontiers!
Je
m’adresse à tous ces qui ont réussi a lire cette interview
jusqu’à la fin: Tu es le public
juste pour nos concerts! J’espère te rencontrer dans un concert
live en France!!
En
deux mots dites-nous quelque chose sur :
Daria
Zappa : Daria est ma fille et me ressemble
beaucoup dans le caractère et dans la facon de jouer et te
vivre. On joue ensemble quand le temps nous le permet. Elle à été
hôte aussi dans mon nouvel album.
Elle
est un grande soliste de violon et est appréciée soit pour le
classique soit pour son style en improvisation.
Mattia
Zappa : Mattia est mon fils violoncelliste, grand
professionel et sérieux musicien.
Il
travaille aussi avec beaucoup de projets pas seulement classiques,
mais aussi Jazz et musique contémporaine.
Avec
Daria et Mattia on a joué pendant presque 10 ans en tournée en
Trio. Aujourd’hui ils sont tellement pris par leur travail dans les
orchestres, dans les groupes de chambre et comme solistes dans le
monde entier, on ne peut presque plus jouer ensemble.
Goran
Stojadinovic : Goran est le musicien de Serbie avec
lequel je joue depuis 3 ans. Avec lui j’ai eu la possibilité
de comprendre et d’apprendre beaucoup de façons de
jouer typiques des Balkans. Il joue un accordéon digital avec lequel
il peut jouer avec une main la partie contre basse et
avec l’autre d’autres instruments, comme
l’accordéon, le piano, le Hammond etc…
llir
Kriekurti : Je l’ai connu à Tirana pendant une Tournée
en Albanie. Pour cette occasion il jouait de la
batterie avec moi. Je joue avec Ilir depuis 5 ans et avec lui j’ai
une coordination technique, musicale et psychologique très
grande. On se comprend toute de suite sur scène et on peut
improviser avec grande facilité et plaisir.
Je
vous laisse conclure l’interview :
Je
peux seulement te remercier pour cette occasion que tu m’as donnée,
de me connaitre mieux et de parler de ma musique et de ma vie…
en français!
Merci Marco Zappa pour votre gentillesse et votre amour de la
musique de qualité. En effet vous découvrir, album après album est
un voyage d’une telle richesse. Pour terminer, ou plutôt pour
compléter cette interview il me semblait bon d’interviewer votre
épouse Anele, son nom de scène on pourrait dire :
Bonjour Anele
Zappa d’où êtes-vous originaire ?
Bonjour Ichigo,
je viens de Tirana en Albanie, mais pendant beaucoup de temps j’ai
vécu a Pogradec, une très belle petite ville au bord du Lac de
Ohrit.
Comment vivez
vous le fait d’être l’épouse d’un musicien tel que Marco
Zappa ?
C’est
complètement un autre monde que je ne connaissais pas avant. J’ai
toujours aimé écouter de la musique, mais maintenant j’ai compris
tout le grand travail qui est derrière, avant que la musique arrive
à l’oreille du public et jusque au moment où les gens puissent
l’aimer.
Ce n’est pas
une vie facile, mais je l’aime beaucoup.
Comment
trouvez-vous la musique de Marco ?
La musique de
Marco est très particulière. Chaque chanson est une histoire, une
histoire de la vie de Marco ou de quelqu’un qui est ou a été près
de lui. Chaque texte et chaque musique sont liés à des lieux, à
des moments, à des situations qu’il a vécus et qui peuvent dire
quelque chose à ceux qui les écoutent avec sensibilité.
La musique de
Marco représente un message, une réflexion sur la vie et sur
l’homme, avec ses amours, ses amitiés, ses problèmes, qu’il
faut résoudre, pour vivre mieux.
Les chansons de
Marco sont un livre à lire et à goûter.
Donnez-vous des
conseils à Marco pour sa musique ?
Oui, on discute
toujours beaucoup ensemble, mais mes conseils ne sont pas ceux d’une
professionnelle, mais d’une personne qui écoute très bien et que
dit sincèrement ses impressions.
Jouez-vous d’un
instrument ?
Non, je ne joue
aucun instrument, mais je chante toujours toutes les chansons de mon
pays et naturellement aussi toutes celles de Marco, mais seulement
quand je suis sur une chaise, pendant le concert et là je suis
toujours présente.
Lorsque Marco est
sur scène, quel effet cela vous-fait-il ?
Quand Marco est
sur scène, je suis toujours très concentrée sur lui, et les
émotions qui m’accompagnent son très fortes. Il y a toujours un
fil direct que nous lie pendant le show.
Je comprends
chaque émotion et chaque problème que vit Marco dans ces moments.
Et après chaque
concert on discute, critique sur la performance, pour améliorer le
spectacle.
Autrement
qu’aimez-vous comme musique ?
Parce-que j’aime
beaucoup danser, j’aime toute les musiques qui me donnent des
émotions rythmiques, mais ça dépend du moment et comme je me
sens.
La musique
populaire de l’Albanie me prends toujours et quand je peux, je fais
danser aussi Marco (qui ne danse jamais!).
A part la musique
quels sont vos centres d’intérêts ?
Ma profession est
celle de Professeur de mathématiques au lycée. J’ai travaillé
pendant trente ans en Albanie. Mais j’aime beaucoup aider les
autres. J’ai travaillé et voyagé longtemps pour les droits des
femmes, contre la violence et dans beaucoup de projets pour les
enfants pauvres et en difficulté dans mon pays.
J’aime beaucoup
voyager, connaître des autres cultures et pays et c’est ce que
j’ai la possibilité de faire maintenant aussi avec Marco et ses
tournées.
Une tournée en
France vous intéresserait-elle ?
Bien sûr! Avec
plaisir!
Et j’espère
d’y pouvoir prochainement venir pour des concerts, avec Marco.
Avez-vous
apprécié votre séjour à Paris ?
Beaucoup!
J’avais été
dans autres régions de la France, mais jamais à Paris.
Paris était dans
mes rêves et je suis très heureuse d’y être allée avec Marco.
C’est une ville
fantastique, pleine de cultures, d’humanité et de monde!
Mais nous y
étions pour trop peux de jours. Nous voudrions y retourner le plus
tôt possible.
Je vous laisse
conclure ce petit interview par quelques mots : dites ce que vous
voulez, vous êtes libre.
C’est la
première interview que je donne dans ce nouveau rôle.
Je voyage avec
plaisir et amour dans ce nouveau voyage avec Marco qui me donne une
nouvelle vie.
Je te remercie
beaucoup pour cette possibilité de parler de ma nouvelle vie avec
Marco et j’espère de pouvoir commencer une belle et profonde
collaboration Ticino-France grâce à toi.
Merci Anele et
Marco, ce fut un vrai plaisir d’en apprendre un peu plus et pour
nos lecteur de vous découvrir. En fait, chers lecteurs, j’espère
que vous avez apprécié de rencontrer, en lisant ces quelques
lignes, un grand musicien entouré d’une épouse adorable.
Il y aurait encore
beaucoup à dire sur Marco Zappa, sur ses 50 années de carrière.
Imaginez, sans aucun potentiel commercial, pour citer celui qui est
peut-être de sa famille. 50 ans à sillonner tous les pays ouverts à
la musique. 50 ans de carrière intense et riche. L’album
PuntEBarrieR est une bonne entrée en matière, sans aucun
doute, et ensuite le fameux Live Una Nuova Forza. Ne vous gênez pas
de vous mettre à l’écoute du tessinois universel, il vous rendra
joyeux pour un instant, un pur moment de détente musicale de qualité
made in Zappa.
(1) www.marcozappa.ch/
Ichigo Samuru