JALOUSE, un espace de liberté

 

Jalouse m'enchante de part ses voix, ses sons. Cette découverte est un vrai régal. Le Canada nous a habitués à du bon son. Nous allons certainement passer un très bon moment avec Olivier Pépin, Jalouse.

Bonjour Olivier Pépin, merci d'accepter une interview sur mon humble blog. Comme première question, vous l'avez devinée tant elle manque d'originalité, pourquoi Jalouse ?

Ayayaye, la fameuse question ;) 

Pour être honnête, il y a quelques trous dans mon histoire car, maintenant je suis sobre, mais ce n’était pas le cas à l’époque 😈. 

Bref, ce dont je me souviens, j'étais avec mon amie Ariane (réalisatrice de mon album). 

Nous étions attablés dans un restaurant ouvert 24h et je cherchais désespérément un nom pour mon nouveau projet. 

Je jonglais avec l’idée du prénom féminin et je crois avoir demandé à notre serveuse la permission d’utiliser le sien, ce qu’elle a refusé et le lendemain à mon réveil, c’était fixé, je m’appelais Jalouse !

Votre musique est de la Pop expérimentale, c'est bien ça ?

Je crois qu’on peut dire ça bien qu’il n’y ait aucun calcul dans mon approche esthétique. Je fais tout simplement la musique qui me vient naturellement. Par contre, j’ai fait énormément de musique expérimentale pure. Selon moi, l'intérêt dans l’art expérimental est plus dans le processus que dans le résultat. Et dans une approche plus globale du processus créatif, toutes ces expérimentations servent clairement à nourrir le bagage créatif de l'artiste et aident à définir la personnalité des œuvres plus réfléchies du créateur, selon mon très humble avis.

Quelles sont vos influences principales pour la composition de votre musique si surprenante ?

Ouf, il y en a beaucoup. Je vais essayer de faire ça en ordre chronologique de découverte en me concentrant sur les artistes avec lesquels je résonne encore:

Sonic Youth, Crass, Alec Empire, Throbbing Gristle, René Lussier, Fred Fortin, Fred Frith, Igor Stravinsky, Frank Zappa, Miles Davis, Nina Simone, Tricky, Aphex Twin, Can, Brian Eno, Depeche Mode, Kate Bush, Phil Collins, Peter Gabriel, Vangelis, Enya, Kavinsky, Tangerine Dream, Caribou, MGMT, Blood Orange, Wenge Musica, Basic Printer et tous ceux et celles que j’oublie…

Frank Zappa 

Une petite note à ajouter : On associe souvent ma musique à l'électro pop franco des années 80 (particulièrement Daniel Balavoine pour la France et les albums de synthé de Michel Rivard et Daniel Lavoie pour le Québec) et selon moi, c’est en partie due au fait que mon enfance a été bercée par cette musique et peut-être un peu aussi car je partage des influences avec ces chanteurs et compositeurs de la francophonie.

Daniel Lavoie

Alors comme ça vous fumez au restaurant (rire) ?

Hahahahah… Tous les matins 😜 Mais blague à part, ce que je voulais évoquer dans cette chanson, c’est ce que j’appelle la “nostalgie toxique”, cette tendance que l’on peut avoir de magnifier le passé plutôt que de faire face au présent et d’admettre que le monde va évoluer et qu’il n’attendra certainement pas après nous. Et pour illustrer ça, je cherchais un symbole absurde, quelque chose qui ne me manque pas du tout… fumer au restaurant, même au petit déj !!!

Qu'est ce qui, un jour, vous a décidé de vous lancer dans la musique ?

Difficile de répondre à ça… Je dirais un mélange d'éducation, de prédisposition et un bon gros concours de circonstances. 

Dès mon adolescence, j'ai joué dans des bands de Punk et je n'ai jamais arrêté par la suite. Par contre, ça a été assez long avant que j'envisage le métier de musicien. J'ai même eu une "carrière" comme ingénieur du son mais, un jour sans n'était trop et j'ai dû faire le saut pour me sentir en paix avec moi-même. 

Faut dire que je suis fait pour cette vie d'insécurité, de sacrifice et de route sans fin!

Êtes-vous professionnel à plein temps ou est-ce que vous devez travailler à côté ?

Oui, en fait je suis musicien de tournée donc, je gagne ma vie avec la musique mais pas encore avec Jalouse… Je travaille là-dessus, promis !

De quel(s) instrument(s) jouez-vous ?

’ai eu une formation de piano classique enfant et mon amour du rock m’a amené à la guitare, qui est devenu mon instrument principal. Aujourd’hui, je me considère surtout comme un musicien de technologie avec les synthés, samplers et toute la programmation que cela nécessite. 

Comment est-ce que vous composez ?

Principalement dans ma tête. Autant les mélodies que les arrangements et la structure. Généralement aussi, tout part du sujet dont je veux traiter pour que la musique soit en lien avec le texte. 

Je me garde aussi une porte ouverte pour les heureux accidents. Quand je suis en période de composition, j'enregistre une improvisation par jour et parfois, ça devient une chanson.

Vous travaillez avec d'autres musiciens ou est-ce que vous faites tout tout seul ?

De moins en moins seul ;) 

Pour mon premier EP, Compostelle, je tenais à tout faire par moi-même. Je crois que j’avais quelque chose à me prouver. Avec mon album Nature Morte, je me suis ouvert aux suggestions de ma réalisatrice Ariane et j’ai aussi fait appel à un saxophoniste pour les pièces Cours Rompu et 11e Ciel. 

En concert par contre, je suis seul en scène avec ma guitare, mes synthés, mon sampler et mon looper. 

Pour le spectacle de mon prochain album par contre, j’aimerais avoir un deuxième musicien sur scène avec moi.

Est-ce que vous donnez des concerts ?

Ouiiii!!!! Pas assez à mon goût par contre, mais je me sens vraiment à ma place sur une scène.

Comment vous préparez-vous avant un concert ?

Je suis un musicien qui répète beaucoup à la base. Comme je fais de la musique électronique et que je suis seul sur scène, j'ai énormément de préparation en amont (programmation etc…) à faire. 

J'essaie aussi de préparer un peu mon interaction avec le public car j'ai tendance à parler beaucoup et à être impertinent donc, ça me prend un cadre mais, pour être honnête, je finis toujours par déraper hahahah, mais que voulez-vous, je suis ainsi fait ;) 

PS, Faut aussi que je mentionne le travail exceptionnel de Cynthia Naggar qui fait les projections durant mes spectacles.

CynthiaNaggar 
https://www.facebook.com/cynthianaggarmusique

Comment vivez-vous la scène ?

J’ai longtemps préféré la scène au studio. J’aime l'aspect éphémère du concert. Même si le spectacle est imparfait, si le public est touché et qu’il embarque dans ma proposition, c’est ce souvenir qui reste. Je crois beaucoup aussi dans la prise de risque en art et la scène est le risque incarné ! Et quand ça foire, on prend ça comme une leçon d’humilité et on remonte en selle !

Et l'après concert ?

J’adore rencontrer mon public. C’est un privilège incalculable qu’on a de se faire applaudir. Les gens investissent leur temps en nous et sont toujours reconnaissants lorsqu’on leur rend.

Pensez-vous que la musique soit faite pour le live, ou qu'elle soit surtout faite pour l'écoute chez soi ?

Je pense que ce sont deux expériences différentes et complémentaires. 

Le concert, ce sont des souvenirs et sur disque, la musique peut être analysée, peut même devenir l’accompagnatrice officielle d'un moment de notre vie. 

Il y a aussi des artistes qui sont juste meilleurs sur album ou vice versa. 

Pour ma part, je crois que c’est important que le concert soit un objet séparé de l’album, qu’il ne soit pas une copie conforme de la musique fixée, mais je connais des gens qui sont déçus quand les versions LIVE sont trop différentes des versions album alors...

En parlant d'écoute, que préférez-vous entre le vinyle, le streaming, le CD et la K7 ?

C’est certain qu’un vinyle a un son particulièrement enveloppant mais, nostalgiquement parlant, pour moi, c’est la cassette ! C’est avec des cassettes que je suis devenu mélomane et plus tard, comme musicien, la première fois que j’ai imprimé une version cassette d’un de mes albums, j’ai vraiment ressenti quelque chose !

La musique aide les malades. Je le suis moi-même, deux maladies auto-immunes dégénératives et douloureuses sévères. Je suis alité presque tout le temps. La musique apaise mes douleurs. Alors qu'est-ce que ça vous fait qu'un malade vous dise que votre musique est bénéfique pour lui ?

Premièrement, ça me touche beaucoup et aussi, ça ne me surprend pas ! 

On a tous et toutes été bouleversé(e)s par de la musique un jour et quand on y pense, la musique, c’est juste l’air qui vibre, et ça peut nous virer à l’envers ! Moi-même, y’a certaines pièces que je ne peux pas entendre sans avoir les larmes aux yeux. 

Ce n’est pas pour rien que la musique est si importante au cinéma. On a tous déjà vu l'exercice qui consiste à remplacer la musique d’une scène pour en changer complètement le ressenti.

Je vous avoue avoir de la peine à comprendre le sens des chansons, cela vient en grande partie du fait que depuis mon enfance ne n'ai écouté que des groupes anglophones et aussi de mes traitements.

Quels sont les sujets de vos chansons ? 

La peur de vieillir, l'auto-sabotage, les mauvaises décisions, la peur en général en fait hahaha. 

La peur est une bien mauvaise conseillère et je l'ai probablement écoutée trop longtemps, maintenant, je m'en inspire.

Vos chansons, ont-elle des sens cachés ? Ou plutôt, ont-elles plusieurs sens ?

Disons que c’est important pour moi que le public puisse se raconter sa propre histoire. C’est pour ça que je ne suis pas trop « explicite » dans mes textes. Je m'inspire d'anecdotes qui me sont arrivées à moi ou à des proches et j’essaie de les raconter surtout à travers le ressenti. Je veux aussi que ma musique fasse partie de la trame narrative. 

Par exemple, pour la pièce « Cette Nuit Qui Me Tient », je voulais faire une chanson faussement positive. Je voulais exprimer le défaitisme décomplexé (je suis un raté mais c’est pas grave, je suis heureux comme ça). C’est pourquoi c’est une chanson majeure et assez rapide et le texte est une sorte de dialogue avec ma « nuit intérieure » qui me domine et m’empêche d'avancer.

Vous considérez-vous comme un chanteur à texte ? 

Je considère que je fais de la musique avec des textes et non de la chanson. 

Ceci dit, s'il faut écrire des paroles, aussi bien se forcer ! Je suis quelqu'un qui lit énormément aussi, je lis n'importe quoi et j'aime bien m'inspirer des classiques. 

Par exemple, pour 11e Ciel, je me suis inspiré du Sonnet Morne de Jean Richepin et pour Cours Rompu, je me suis inspiré d'un passage des Travailleurs De La Mer de Victor Hugo.

Jean Richepin

Êtes-vous un chanteur "engagé" ?

Ouf ! Pour être très honnête, ma vision du monde est très très noire et je crois que si j’écrivais sur mes positions politiques, ça serait insupportable lol

Quelles relations avez-vous avec vos fans ? Réagissent-ils à vos textes ?

La relation avec mes fans est très importante. J'essaie de bâtir un canal de communication entre eux et moi et ça prend de plus en plus forme. Ça me touche énormément de recevoir des messages de personnes tangibles qui écoutent et apprécient mon travail. 

Faire de la musique pour un public attentif est un privilège énorme et ça donne un peu de sens à ce métier qui semble si souvent en être dépourvu ! 

J’écris presque chaque semaine à mes fans et je leur demande parfois quelle est, selon eux, la signification de mes textes. J’adore cet exercice. C’est très instructif ;)

Vous créez une certaine ambiance avec votre musique, cela touche-t-il tout particulièrement vos fans, où sont-ils plus attirés par la musique simplement ? Par les textes ? Par les trois ? 

Je crois que chaque personne écoute la musique et en fait, plus globalement, apprécie l’art pour ses propres raisons.

Qui sont ceux qui écoutent Jalouse ?

Mon travail est extrêmement proche de ma personne. C’est vraiment moi en musique et de ce que je peux observer, on dirait que mon public me ressemble. C’est peut-être pour ça. Une belle bande de désabusés ;)

Qu'utilisez-vous comme instruments, comme matériel pour enregistrer ?

Je fais de la musique électronique, mais jouée. J’utilise très peu ma souris pour composer. Donc, beaucoup de synthés et de guitares. Je performe aussi très souvent mes batteries sur mes boîtes à rythme. 

J’utilise Ableton Live comme DAW pour la composition et l’édition de mes pièces, et le tout se fait sur un vieux iMac 2013 qui me donne de plus en plus de soucis 😬

Êtes-vous plus guitare électrique ou acoustique ?

J’adore la guitare acoustique mais je suis définitivement un guitariste électrique.

Est-ce que votre apparence vous importe ? 

Ça serait mentir de dire que non. J’ai été extrêmement flamboyant dans ma jeunesse (manteau de fourrure, ensemble doré etc…) et maintenant, j'adopte la sobriété mais j'aime porter des vêtements qui avantagent, disons. 

Cultivez-vous un certain look ?

Dans la vie de tous les jours, je ne pense pas qu'on puisse parler d'un look bien que je ne porte que du noir (ou presque). 

Par contre, en mode Jalouse, je travaille avec un styliste qui, selon moi, a su mettre une forme “humaine” sur ma musique. 

J'ai toujours pensé qu'il est “important” de transcender le quotidien sur scène. C'est probablement pour ça que je fais partie des gens qui considèrent illégal de faire un show en short et en sandales ;)

Êtes-vous facilement abordable ?

Oui, mais je suis un peu malaisant en société. J’ai clairement des phobies sociales et je travaille là-dessus. En petit groupe (quatre et moins) je suis très bon. Je suis une drôle de bibitte apparemment mais j’aime les gens, je pense !?!

Aimeriez-vous composer une musique de film ? De jeux vidéo ? D'animé ?

J’ai eu, en début de carrière, une petite entreprise de musique à l’image que j’ai laissée tomber à cause de la compétition avec les banques de musique libre de droit. Si j’avais à refaire ça aujourd'hui, il faudrait que les clients veuillent du Jalouse.

Êtes-vous un geek ?

Oui et non, 

Je fais beaucoup de programmation, j’adore la science-fiction, l’architecture, l’histoire, je lis énormément mais je ne m’intéresse pas du tout aux jeux vidéo par exemple ou aux animés.

Qu'est ce que vous voulez qu'on retienne de votre musique ?

J’espère qu’on voit la sincérité derrière ma démarche et qu’on se rend compte que je fais vraiment ce que je veux, sans calcul et sans penser aux modes et ces choses-là. 

Pour moi l’art est un espace de liberté et j’espère que ça va toujours transparaître dans mes créations.

Que diriez-vous à un jeune qui veut suivre vos traces ?

De bien s'entourer. Surtout de personnes qui vont le tirer vers le haut. 

Les gens qui nous rabaissent ne sont pas difficiles à trouver et je pense qu'il faut les éviter lorsqu'on a des aspirations artistiques. 

Faut être prêt à faire beaucoup de compromis aussi. Ce n'est pas une vie facile et c'est une vie d'incompris. 

Se faire confiance et persévérer. 

Savoir saisir les opportunités. Souvent, elles ne se présentent qu'une seule fois. 

Ne pas avoir peur du changement non plus. L'art, c'est en constante évolution et si on est trop attaché au passé, on peut vite être dépassé. 

Et le plus important, ne pas écouter mes conseils et se fier à son cœur ;)

Merci pour votre patience et gentillesse. Voici maintenant le "jeux" fabuleux de Bazar Music. 

En deux mots, pas plus, que pouvez-vous nous dire concernant :

La France

Gourmet, tour

Le Canada

Long, longtemps

Gilles Vigneault

Chauve, important

Robert Charlebois

Pionnier, bierre

Diane Dufresne

Diva, oxygéne

Alex Henry Foster

Favorite Enemies

Daran et les Chaise

Dormir Dehors

Eric Lapointe

Déchéance, cuir

Mylène Farmer

Influence, barbotine

Monty Pythons

Terry Gilliam

Bruce Wayne

Faux justicier

Mac Donald

Fausse nourriture

Lou Reed

Drogue, velour

Patti Smith

Proto punk

Frank Zappa

Génie, insolent

Dweezil Zappa

Orteil, animaux

Qu'est ce que vous préférez comme

Musique

Instrumentale 

Chanteur

Georges Brassens

Chanteuse

Billie Holiday

Musicien(ne)

Vangelis

Vangelis

Vêtements

Noir

Matières

Biodégradable

Repas

Pizza

Chocolat

Noir

Film

Underground (version 6h)

Série

The Office

Personnage Marvel

Aucun

Personnage DC

Aucun

Personnage de manga

Aucun

Personnage Disney

Aucun

Voiture

Aucune

Moto

Aucune 

Événement historique

Construction de Göbekli Tepe

Personnage historique

Amenhotep IV

Lieu de Vacances

Portugal

Animal

Albatros

Maintenant, répondez avec ce qui vient directement à votre esprit : 

- Qu'est-ce que vous aimez ?

L’amour

- Qu'est-ce que vous n'aimez pas ?

La haine

Merci pour toutes ces réponses, cela nous permet de connaître un peu mieux l'artiste remarquable que vous êtes. Je vous laisse conclure.

Conclusion par Olivier Pépin, Jalouse. 

Merci beaucoup pour cette entrevue de fond, ce fut un sacré exercice qui m'a forcé à me poser bien des questions! J'aimerais profiter de cette tribune pour inviter vos lecteurs qui pourraient être intéressés à joindre mon Club pessimiste. C’est tout simple et gratuit. En fait, j'essaie de créer une communauté autour de ma musique en donnant accès à du contenu exclusif, des avant-premières et plein de petits trucs du genre.

Pour terminer, je vais vous partager deux anecdotes sur Diane Dufresne et qui vont expliquer ma réponse la concernant dans le quiz ! 

- J’ai été un enfant assez malade, souffrant de trouble pulmonaire (entre 2 et 5 ans) et lorsque je me faisais hospitaliser, je chantais, à tue-tête “Donnez-moi De L'Oxygène”. 

- Il y a quelques années, j’ai partagé la scène avec Diane Dufresne et elle nous a donné une sacrée leçon de Diva! Premièrement, une heure avant sa prestation, elle a exigé que l’ordre de passage des artistes soit changé car elle n’était pas satisfaite de son maquillage et lorsqu'elle a finalement monté sur scène, elle l'a quittée après deux chansons parce qu’elle en avait assez🤣

Lien : https://linktr.ee/jalousemusic

Thierry Bienvenue