"J'essaie de faire en sorte que les chansons racontent une histoire, et que cette histoire soit la plus universelle possible, ou en lien avec un épisode historique connu, pour susciter la curiosité et donner envie de suivre le texte. Les références que je glisse de temps en temps sont là pour permettre que les écoutes ne deviennent pas trop ennuyeuses !!"
INTERVIEW DE
RHUM-RAISON
Bonjour
RHUM-RAISON, il est rare que je pose cette question en fait, mais
pourquoi un tel nom de groupe ? Que voulez-vous dire ?
Bonjour, voilà une
question parfaite pour aborder le sujet. Je faisais partie d'un autre
groupe amateur, que j'ai dû laisser en suspens à regret quand j'ai
déménagé de Paris pour la Guadeloupe. Un des membre de notre
ancien groupe est venu me rendre visite, il m'a conseillé de
continuer à faire des chansons: nous étions, en Guadeloupe, nous
buvions du rhum, et je voulais faire des chansons à texte, le nom
est sorti comme ça, presque comme une blague au début, et
finalement il est resté.
Comment
avez-vous eu l’idée de faire de la musique ?
J'ai commencé tôt
en fait, j'ai été dans une filière spécialisée musique du CP à
la troisième, « les horaires aménagés musique », on avait
plusieurs heures de cours de formation musicale, d'instrument, j'ai
joué du hautbois durant 9 ans, d'orchestre etc... Tout cela se
passait au conservatoire, j'en garde un souvenir épouvantable, c'est
l'apprentissage de la musique d'une façon tyrannique inadaptée aux
enfants. J'ai mis plusieurs années à prendre plaisir à refaire de
la musique, et à déconstruire tout ce qu'on m'avait imposé. Pour
tout dire aujourd'hui je joue sans savoir les notes que je joue à la
guitare et à la basse, je repasse par le solfège uniquement pour
transcrire mes partitions. Je dois reconnaître que c'est l'avantage
d'avoir eu une formation de base. C'est notamment en repassant par
l'étape du « groupe » sans pression et dans le but
exclusif de s'amuser, se retrouver, et développer un projet
collectif que la musique est devenue une vraie passion. Même si la
musique n'est pas mon activité professionnelle, elle occupe une
place très importante dans mon quotidien.
Qui sont vont
références, ceux qui vous inspirent le plus ?
C'est difficile de
répondre à cette question, en prenant par ordre chronologique, de
par le conservatoire j'ai entendu beaucoup de musique dite
« classique », encore aujourd'hui j'aime écouter des
compositeurs comme Couperin, Schumann, Mendelssohn, Ravel,
Villa-Lobos ... La chanson française est venue un peu plus tard,
avec évidemment Gainsbourg, Brel, Brassens, en même temps que le
Rock anglais, surtout Led Zeppelin, qui est pour moi l'aboutissement
d'une époque. Des groupes comme Pink Floyd ou The Jimi Hendrix
Experience sont aussi des références. Il y a des guitaristes
virtuoses que j'admire aussi pour leur technique et ce qu'ils
savent faire dire à leur instrument comme Yamandu Costa par
exemple...
Il faudrait aussi
rajouter quelques références littéraires, j'aime beaucoup le
« nouveau roman » d'Anthony Burgess, et les romantiques
et surréalistes, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire...
LED ZEPPELIN
Vous
considérez-vous comme un groupe de Rock, de Blues, de troubadours ?
Haha, un peu tout en
même temps si c'est possible, Le texte reste je crois la colonne
vertébrale des chansons, même si la mélodie vient parfois d'abord,
je suis plus à l'aise avec les mots que les notes, dans ce sens je
pense que R-R est plus un groupe de troubadours, d'autant qu'à
l'origine la vocation des troubadours était de passer de villes en
villes pour apporter les nouvelles, et faire passer les messages !
Pouvez-vous
présenter les musiciens ?
Je pourrais répondre
rapidement à cette question, Je suis seul, ce qui pose problème
pour le live, mais nous en reparlerons plus tard, en général les
chansons sont construites autour de deux guitares. En partant de
Paris ont m'a offert une pédale de boucle, un « looper »,
elle me permet de pouvoir additionner plusieurs pistes, le résultat
est qu'il y a souvent un thème récurrent, sur lequel se greffe une
deuxième puis une troisième guitare. Les parties de basse et de
percussion se surajoutent lors des enregistrements.
Qui est le
leader du groupe ?
Quand j'arrive à me
mettre d'accord, moi.
Qui écrit
les textes ?
Je répondrais comme
la question précédente :) .
En écoutant
vos textes, vous aimez bien jouer avec la langue française et les
événements, certaines figures, slogans, il faut être cultivé pour vous comprendre ?
J'essaie de faire en
sorte que les chansons racontent une histoire, et que cette histoire
soit la plus universelle possible, où en lien avec un épisode
historique connu, pour susciter la curiosité et donner envie de
suivre le texte. Les références que je glisse de temps en temps
sont là pour permettre que les écoutes ne deviennent pas trop
ennuyeuses !! J'espère que les références justement
n'interfèrent pas avec le thème principal, et ne perturbent pas
trop la compréhension générale, le but étant que l'ensemble
puisse être autant une « musique d'ambiance » que des
chansons qu'on pourrait avoir envie de réécouter pour saisir toutes
les paroles. Donc je dirais que non, il ne faut pas forcément être
cultivé, peut être juste un peu curieux...
Vous vous
adressez un public particulier ?
Vraiment pas,
d'autant que je pense avoir un public extrêmement restreint pour
l'instant, j'essaie de faire en sorte qu'au moins une mélodie ou un
texte puisse faire écho à une expérience personnelle de tout un
chacun, qu'on puisse se sentir soit porté par une mélodie simple,
ou accroché par une histoire qui titille la curiosité.
Vous vous
revendiquez d’une couleur politique ?
En tout cas je ne
pourrais pas me revendiquer de droite. Même si la musique et l'acte
créatif ne peuvent pas être neutres sur le plan politique, il me semble
important de ne pas tomber dans le jeu partisan. Mes chansons peuvent
défendre certaines valeurs: l'absurdité de la guerre, du
totalitarisme, mais ces valeurs ne sont, au final, propres à aucune
couleur politique.
Juste une
question sur le matos, qu’est-ce que vous avez à nous dire à ce
sujet ?
Il faudrait mille
questions sur le matos ! J'ai la chance de pouvoir jouer sur des
instruments que j'adore, et je pense que le rapport bassement
matériel du musicien à son instrument, le plaisir que l'on ressent
à prendre en main un objet qui a nécessité plusieurs heures de
manufacture pointue participe au frisson de la composition. Sur le
plan technique, les premières chansons ont été composées sur une
Epiphone LesPaul (Esther), puis une Fender Telecaster Elite
(Abbygaïl), une Gibson Firebird High Performance (Noemie) et une
Danelectro 59 (Amina), et elles ont presque toutes été enregistrées
sur Noemie. Toutes les guitares ont été baptisées pour dépasser
le stade d'objet, et pouvoir être associées pleinement à la
composition. Ma pédale de boucle est une jam man, et je répète sur
un ampli blackstar. Le matos en tout cas est un moyen de trouver des
pistes pour l'interprétation, c'est une interface entre la partition
et la musique définitive, il est en même temps le rappel de la nécessité
matérielle et un moyen de la dépasser.
Comment se
passent vos répétitions ? Et combien de fois pas semaine ?
J'essaie de répéter
deux fois par semaine, mais ce rythme est très irrégulier, comme je
fais tout ça tout seul, je peux grattouiller à vide tous les soirs
pendant une semaine, puis ne pas arriver à jouer pendant deux, voire
trois semaines... Mais j'essaie de maintenir le rythme deux par
semaine, pour réviser les anciennes chansons, et surtout trouver des
nouvelles idées. Le rythme pour l'écriture n'est pas le même, la
gymnastique des mots est plus ambiguë et c'est difficile de
s'astreindre à écrire, de se mettre à une table avec un carnet et
sortir un texte, il faut attendre que ça vienne. En général après
avoir lu quelques romans ou autres sources de documentation les idées
arrivent d'elles-mêmes.
Et le studio,
l’enregistrement ?
L'album a été
enregistré quasi intégralement en l'espace de 4 jours, grâce
notamment à mes amis du « Cri » qui ont un studio
portatif si l'on peut dire. J'avais fait mon possible en amont pour
être prêt à enregistrer toutes les pistes, qu'on a pu additionner
les unes aux autres. On a fait un séjour dans une maison de
campagne, isolée dans les Ardennes, avec bien évidemment, beaucoup
de matos, et beaucoup de rhum. Plus sérieusement, enregistrer 12
chansons en 4 jours, soit 3 chansons complètes par jour a été une
épreuve grisante et éreintante, le tout s'est fini par un live, à
Reims, en première partie du « Cri », au final, un
souvenir vraiment génial. Cette session enregistrement a été
l'occasion d'improviser les parties de percussions et de basse.
J'avais un vieux djembé qui permet de donner une touche plus
intimiste sur les percussions, et tout un tas de percus
« alternatives », un maracas, un guïro en forme de
grenouille, un tambourin à clochettes et une cuica brésilienne...
qu'on n'entend que sur « Le blues de l'anthénaire ».
Le live vous
fait peur ? Racontez-nous en quelques mots un concert de
RHUM-RAISON.
Il y a eu très peu
de live pour l'instant, la première raison étant que je n'ai pas
trop cherché à me produire sur scène, et la seconde, que je dois
me trouver au moins un acolyte pour faire une seconde guitare, afin
que l'arrangement ait une bonne dynamique. La dernière fois que je
suis monté sur scène c'était en première partie de mes potes du
« Cri », avec un ami de longue date, Max, plutôt joueur
de blues à l'origine qui m'a accompagné. On a joué dans un pub
rémois, il y avait surtout un public d'amis et de connaissances, on
s'est bien marré !!
Craignez-vous
que le public n’entende pas bien vos paroles ?
Oui c'est sûr,
d'autant qu'à deux sur scène, sans percussion, le volume sonore et
l'ambiance, même si il reste rock est intimiste, j'essaie d'avoir
la diction la plus précise possible pour qu'on puisse m'accompagner
dans mes histoires.
Quelle est
votre relation avec le public ?
Pour l'instant je
dirais très occasionnelle, mais monter sur scène est un moment
fort, même devant un petit public de gens connus, il faut assurer,
et arriver à faire passer un bon moment à tout le monde, il y a
tellement d'imprévus quand on joue en live: une note qui ne passe
pas, un couplet qu'on chante au mauvais endroit, qu'il faut
s'adapter, composer avec le stress et le plaisir de faire sortir ce
qu'on a d'intime.
Etes-vous
sensible aux critiques ?
Je sais pas trop qui
pourrait répondre non en étant tout à fait honnête et sincère,
mais je pense aussi qu'on ne peut pas plaire à tout le monde et que
chacun à le droit d'exprimer ce qu'il souhaite, j'ai la chance de ne
pas dépendre de la musique qui est un loisir - voire une passion - et
donc je pense être moins vulnérable. Certaines critiques négatives
peuvent être très instructives et peuvent permettre de progresser,
étant musicien amateur, je ne cherche pas à me lancer des défis
techniques ou à avoir un « niveau », j'écris et je joue
ce qui m'inspire ou me passe par la tête, je conçois tout à fait
que ça peut faire écho à ce que d'autres ressentent, comme ça
peut leur passer au dessus de la jambe, voire les agacer !
Avez-vous
déjà rencontré des ennuis lors d’un concert ?
Je pense avoir déjà
un peu répondu plus haut, le jeu en live, même si on a répété en
amont réserve toujours des surprises, et pour avoir fait de la
musique orchestrale plus classique ou les problèmes techniques sont
d'ordre mécaniques ou humains, sur la musique amplifiée on se
confronte à l'électronique, l'informatique, il faut savoir un peu
tout bidouiller en même temps, ce qui est plutôt sympa en fait...
Surtout quand tout marche.
Le
Cirque de mes Nuits
Votre musique
est plutôt calme, c’est aussi le cas en live ?
D'autant plus que
les arrangement live sont à deux guitares plus une voix, la musique
est calme, le volume sonore pas forcément violent, l'idée est de
raconter des histoires, dans une ambiance rock mais pas en sautant
partout.
Là je suis en
train de vous écouter, et je suis obligé de vous comparer (chose
que je n’aime pas forcément faire) à plusieurs artistes, je vous
donne les noms et vous me répondez pour chacun si je suis à côté
de la plaque :
Léo Ferre :
C'est un artiste très connu pour ses textes très travaillés et
bien construits, je ne peux qu'apprécier la comparaison, même si je
le connais trop peu malheureusement.
Renaud : Il a
marqué sa génération, que ce soit par son attitude, sa voix
inclassable, ses chansons comme « Mistral gagnant » ou
« En cloque » sont des pépites !
Bertrand Cantat ou
Noir Désir : J'ai beaucoup écouté Noir Désir, et là aussi
merci, c'est un groupe qui aurait pu laisser une emprunte forte dans
le paysage musical français si le nom de Bertrand Cantat ne
véhiculait pas ce qu'il véhicule actuellement.
Trust : Des
vrais punks !! et oui il y a quelque chose de punk dans mes
chansons les plus rythmées, le punk est quelque part la suite
logique du rock, et j'aime mélanger le coté subversif du punk à la
poésie plus douce.
Bernard Lavilliers : Un grand mélodiste, imprégné dans ses textes de politique, comme
il le montre encore dans son dernier album "5 minutes au paradis",
notamment sur la chanson « Croisière méditerranéenne »
ou il aborde le problème des réfugiés.
Il y a une
tension entre votre musique calme et les paroles qui sont fortes
même dans les chansons d’amour ou plutôt de désamour ?
J'essaie de faire
des contrastes, qu'il y ait quelque chose de l'ordre du déséquilibre,
tout en faisant en sorte que le résultat global reste harmonieux
bien sûr, mais qu'on soit quand même un peu surpris quand on tend
l'oreille. C'est vrai que le terme de désamour correspond assez à
certaines chansons, c'est un sentiment intéressant, qui vient peut
être juste après l'amour, quand on est pas vraiment certain de ce
qu'on éprouve.
J’ai
hésité à prendre chanson après chanson et les analyser, mais cela
je préfère vous laisser faire en quelques mots que diriez vous sur
(je donnerai un commentaire après vos réponses et ce sera
intéressant de voir combien vos textes sont riches, à plusieurs
niveaux) :
-
Mer : La toute première chanson que j'ai écrite, pour l'anecdote: les paroles me sont venues pendant une croisière avec des amis en catamaran dans la mer Caraïbe, un cadre plutôt stimulant il faut bien l'avouer. Le thème de l'explorateur naufragé permet de s'identifier, on s'est tous senti au moins une fois pris dans une tempête, ou confronté à un inconnu dont on ne pouvait pas anticiper la réaction...
-
Le cirque de mes nuits : C'est une chanson plus intime et aussi plus récente, j'ai plus essayé d'y travailler la mélodie, et la voix, tout en essayant de mettre une ambiance générale à la fois inquiétante et onirique, comme peuvent être parfois les nuits habitées par de nombreux rêves, quand elles font suite à plusieurs insomnies.
-
Joséphine : Il s'agit d'une reprise, c'est une chanson de country, l'originale s'appelle « Jolene » de Dolly Parton, c'est une des chansons préférées de ma compagne, il m'a semblé normal d'essayer de lui rendre hommage. J'ai fait mon possible pour traduire le texte au plus juste en y imprégnant quelque chose qui m'appartiendrait, tout en changeant la musique pour en faire une version plus rock/punk. C'est une chanson qui a été de nombreuses fois reprise, que ce soit par des américains, ou mêmes des français, mais, je crois, pas encore traduite.
-
Palmier : Un peu comme "Mer", une des chansons les plus anciennes, marquées par l'ambiance des Antilles, je vivais en Guadeloupe à ce moment, elle fait un peu suite à « Mer », on y retrouve notre naufragé, rêvant à demi conscient sous un arbre.... dont il tombe amoureux.
-
Révolution : Un peu une construction au hasard celle-ci, j'avais mis la musique de coté, la trouvant trop dissonante et un peu angoissante, et le texte était à l'origine une commande d'autre groupe, finalement le projet ne s'est pas fait, et j'ai compilé les deux. J'y aborde un peu de la grogne que je peux avoir face aux pouvoirs en place.
-
Chimère : Une de mes chansons préférées est « Babe I'm gonna leave you » de Led Zeppelin, c'est une chanson de rupture, et je pense que ce thème est vraiment universel, et j'ai voulu l'aborder à ma façon, en essayant d'être sincère.
-
Aédée : les premiers mots de la chanson sont un peu abruptes, et entraînent parfois un mouvement de surprise, ce qui est voulu, c'est une chanson d'amour, un peu en miroir de « Lupanar », le thème de l'amour payant est très présent dans la poésie romantique et surréaliste, il s'y joue plein d'émotions parfois contradictoires, et une violence où tout n'est pas maîtrisé.
-
Dularium : Alors sur celle là, je pense que je dois donner des explications un peu plus précises, le « duralumin », ou « duraluminium » est un alliage métallique inventé au tout début du XXe siècle, et qui a permis la construction des « zeppelins » ces énormes ballons dirigeables, dont le plus connu a été le « LZ 129 Hindenburg » connu en raison de son incendie qui a coûté à la vie à 35 personnes, sonnant la fin de l'exploitation des dirigeables géants. Le groupe Led Zeppelin se sert d'une photo de cet incident comme pochette de leur premier album, il s'agit évidemment d'un hommage - je suis un fan de Led Zep - La chansons raconte l'histoire du Hindenburg, mais si on lit entre les lignes, c'est directement un message adressé à Donald Trump, qui s'expose, créant la nuit, et ne se rend pas compte à quel point il est dupé et s'enfonce dans le pire au fur et à mesure.
-
Tranchez ! : Il y a un siècle à quelques minutes près mon arrière grand père tenait un fusil et ne comprenait certainement pas pourquoi il devait haïr les gars en face de lui, pas plus que eux ne comprenaient pourquoi ils devaient haïr mon arrière grand père. C'est encore un hommage, et aussi un avertissement peut être, cent ans plus tard on recommence parfois à se méfier de l'inconnu, on détourne le regard de la misère, et on fait le terreau de conflits auxquels on comprendra trop tard qu'ils ont servi des intérêts qui ne sont pas les nôtres.
-
Lupanar : L'amour, toujours l'amour, oui, mais pas pour rien ! L'amour d'une péripatéticienne pour son bidet qui lui au moins ne la laisse pas tomber, et l'amour qu'elle fantasme, pour son peintre qui vient la voir, la prend pour muse, lui promet la gloire, et va répéter la même chose à toutes les filles de toutes les maisons closes qu'il croise.
-
Papier D’Hallu : Le texte en anglais qu'on entend est un programme concernant l'adaptation de l'organisme des astronautes à la microgravité. La chanson, elle parle de l'innocence, la naïveté dans laquelle on flotte tous, se contentant parfois de ce qu'on a devant soit, dans son assiette, à la télé, dans la presse, sans chercher ou sans se donner la peine d'aller plus loin.
-
Le Blues de L’Anthénaire : Il fallait quand même finir sur un peu de légèreté ! J'ai eu la chance de pouvoir plonger aux Antilles, et de tomber nez-à-nez ou plutôt gueule-à-masque avec un anthénaire, je vous laisse le soin de chercher sur le web la tête que ça a! Quand je l'ai vu, je lui ai imaginé une voix de « blues-man », un peu aigri de devoir se coltiner toute la journée des touristes ébahis qui, en plus, l'empêchent certainement de chasser tranquille. Et pour les attentifs, le bruit un peu étrange en fond sur les parties « bluesy » c'est la fameuse cuica, un tambour à friction brésilien utilisé habituellement pour la samba.
Le
Cirque de mes Nuits est un album qui ne peut en aucun cas nous
laisser de marbre. Il est difficile de dire « c’est pas
mal », car il y a tellement de richesse dans la composition,
les paroles. Des paroles qui touchent, et touchent un peu à tout,
politique, sexualité, malaise, mal-être, la vie, l’amour, le
désamour. Beaucoup de tristesse. Il faut avoir un dictionnaire à
côté de soit et encore, des mots sont inventés, qui en disent
peut-être plus qu’un livre. Dur à maîtrisé, comme un cheval
sauvage RHUM-RAISON nous livre ici une image qui n’est pas très
joyeuse de notre société si orgueilleuse. Il y a comme une
tristesse qui entoure et les guitares saturées: c’est un album de
Blues finalement, et la voix qui nous entraîne, dans un tourbillon
de mots, la langue française est honorée, la France se porte mal, les politiques sont visés. Le groupe n’est pas neutre (mais
peut-on l’être), il dit les choses, peut-être les mêmes que les
Béruriers Noirs, mais autrement, simplement, sans vulgarité
apparente. Tout est dans la nuance presque plus que Serge Gainsbourg
ou Hubert-Felix Thiefaine. Je résumerai ainsi cet album trop riche
pour une simple analyse que je vous avoue, n’être pas facile :
Rien ne change, on avance, mais personne ne fait. Il
ne reste que les mots qui pourrons peut-être empêcher le brisement,
le désamour de tout ce qui fait ce que nous sommes.
Que pensez-vous de mon humble réflexion, si je suis à côté de la
plaque, il faut me le dire ?
Merci beaucoup, je ne sais pas trop quoi dire de plus ! Et la
référence aux Bérus me touche particulièrement, ils m'ont éveillé
au Punk quand j'étais ados, et ils ont une place particulière dans
mes playlists.
Vous avez écrit que ces titres sont des "enregistrements, en vue de
l’album", ce seront les mêmes douze titres ?
Oui les chansons sont toutes enregistrées, et seront toutes sur
l'album, je vais les sortir progressivement sur les plateformes de
streaming, un single d'abord, « Lupanar », puis deux EP
Dans les 3 ou 4 mois qui suivront, et toutes les chansons seront
réunies sur un album ensuite.
Quel est votre plus grand désir ?
Continuer à m'amuser dans la musique, arriver à trouver des
nouvelles idées, des textes et des mélodies... que jouer d'un instrument
ne soit plus une corvée, une obligation, mais un moyen de sortir du
quotidien et de s'abandonner.
Qu’aimez-vous ?
Tellement de choses !! L'Histoire... ce qu'on décèle facilement
j'imagine dans mes chansons, en ce moment je lis un bouquin sur les
sumériens, qui font partie des premiers peuples à avoir maîtrisé l'écriture, il y a 5000 ans.. J'essaie de trouver un moyen d'en faire
une chanson, mais je trouve pas d'accroche narrative... Les romans,
mais aussi les jeux vidéos, l'actualité, la bonne bouffe...
J'essaie d'apprendre un peu tout ce que je peux, je crois.
Qu’est-ce que vous n’aimez pas ?
Tellement de choses !! Mais difficile à formuler sans avoir
l'air tarte: l'hypocrisie, la langue de bois, péter la corde de si
avant la corde de mi, et marcher en chaussettes sur un sol mouillé.
Feriez-vous un duo avec un autre groupe ?
Oui avec plaisir, dans la mesure où on s'amuse vraiment à faire des
compromis, ce qui est la clé.
Qui est pour vous la référence absolue dans le paysage musical
français ?
C'est difficile de ne citer qu'un nom, mais je dirais Bashung, pour
sa poésie toujours juste, et ses arrangements qui ne cessent de
surprendre.
@ MAXPPP
Soutenez-vous des causes ?
Pas de façon active, même s'il y a des dizaines de raisons de
s'insurger tous les jours...
Pour terminer en deux mots que pouvez-vous nous dire sur :
- Muddy Waters : « Rollin' Stone » !!
- John Lee Hoocker : Le rythme et la capacité à se suffire de
soi même sur scène.
- Frank Zappa : Le perpétuel renouvellement
- Captain Beefheart : Je le découvre grâce à vous et je vais
prendre le temps de découvrir !
- Gong : Idem
- Magma : Idem
- Louane : Je connais de nom, mais jamais vraiment accroché, j'apprécie par contre la volonté de promouvoir la chanson en français.
- Orelsan : Un peu pareil, j'en ai beaucoup entendu parlé, mais je pense que je n'ai jamais entendu une de ses chansons...
Ah et la mort de Johnny Hallyday, qu’est-ce qu’elle a comme effet sur des musiciens comme vous ?
Johnny Hallyday est une figure du paysage culturel français, qu'on aime ou qu'on aime pas il laisse une empreinte, et je pense que cette empreinte sera durable. Il a su - lui ou son entourage - se réinventer, et à titre personnel je lui reconnais le mérite d'avoir créé le rock français, et les chansons de ses débuts restent mythiques !
Merci beaucoup pour votre patience, car vous avez dû en avoir, et aussi pour votre gentillesse. Je sais je le dis à tous les musiciens, musiciennes, etc, qui sont interviewés sur BAZAR MUSIC, mais c’est vrai, je suis toujours reconnaissant de leur sincère sympathie. Maintenant je vous laisse conclure, vous pouvez dire tout ce que vous voulez :
Ce sera surtout des remerciements, à vous d'abord pour vos remarques et l'attention que vous avez porté à l'écoute de me chansons, à ma compagne et mes amis et qui m'encouragent à poursuivre ce loisir, et à tous ceux qui écouteront les titres qui vont sortir dans les semaines et les mois qui arrivent. La musique est faite pour partager, s'amuser, alors profitons-en !
Crédits photos: Toutes les photos viennent de la page Facebook de Rhum-Raison (cf. lien ci-dessous)
Liens:
Concert à Reims: http://www.accordouvert.fr/
Papier-d'Hallu: https://soundcloud.com/rhumraison/papier-dhallu
Ichigo Samuru