"J’écris tous mes textes, et pour choisir ce que je garde, ou pour avancer dans l’écriture d’un texte en cours, je cherche à voir s’il me fait quelque chose dans le corps. Si l’émotion que ça me procure résonne physiquement en moi…"
INTERVIEW DE ZOÉ SIMPSON
Bonjour Zoé Simpson, est-ce que lorsqu'une personne qui souffre vient vous dire que vos chansons lui font du bien cela vous touche ?
Je suis touchée quand j’arrive à toucher, quelque soit le contexte, oui.
Pourquoi chantez-vous ? N’avez-vous pas peur d’être une chanteuse parmi d’autres ?
Je chante parce que j’ai besoin qu’on entende ce que j’ai à dire. Pour moi chaque chanteuse est singulière, unique puisque que chacune propose son univers, son regard sur le monde. C’est ce qu’on attend des artistes, c’est ça qui est intéressant. Donc non, je n’ai pas peur parce que je suis sincère et moi aussi unique.
Pour qui chantez-vous ? Pour les femmes ? ( je pense à votre avatar sur Facebook « femme debout » )
Je chante pour tout le monde !
Si ce n’est pas spécialement pour les femmes, alors pouvez-vous nous expliquer ce bel avatar ?
Cet avatar c’est moi en capacité d’incarner toutes les femmes de mon album.
Comment qualifiez-vous votre style ?
Je fais de la chanson à texte, à tendance pop electro.
Est-ce que vous composez tout ?
Non, moi j’écris tout et tout est composé par Malcolm Crespin, qui a également réalisé mon album. On a longtemps hésité à être un groupe et puis on a décidé qu’on était une chanteuse ! Surement parce que mes textes, mes propos ont pris de plus en plus de place dans le projet, et mon besoin de défendre ma parole avec.
Voulez-vous rester toujours dans le même registre ?
Je ne sais pas. Je laisserai toujours une place très importante au texte puisque c’est là qu’est mon premier élan créatif, mais pour le reste, on verra…
Mais qu’est-ce qui vous touche le plus pour écrire une chanson, voir en choisir une si on vous la propose ?
J’écris tous mes textes, et pour choisir ce que je garde, ou pour avancer dans l’écriture d’un texte en cours, je cherche à voir s’il me fait quelque chose dans le corps. Si l’émotion que ça me procure résonne physiquement en moi…
Aimeriez-vous faire un duo, et avec qui ?
J’adorerais chanter et écrire avec Ben Mazue, j’aime ses mots et comment il les incarne. J’adorerai mêler ma voix à celle de Camille, tellement magnifique… Clarika aussi, me touche tellement.
BEN MAZUE
CAMILLE
CLARIKA
© photo frederic marquet
Vous avez une très jolie voix, avez pris des cours de chant ?
Merci ! Oui j’ai pris des cours, dernièrement avec Géraldine Ross et avec Véronique Perrault. Et j’ai beaucoup chanté en polyphonie avec mon ancien groupe les Valseuses, c’est très formateur !
Que pensez-vous de la chanson française aujourd'hui ?
C’est vaste ! Beaucoup de bien dans l’ensemble même si je trouve que les textes sont parfois un peu faibles. Dans la scène plus « underground » de la chanson française, il y a beaucoup d’artistes de qualité.
Trouvez-vous aussi qu’il manque une certaine légèreté comme dans les année 80 ?
Il faut dire que la période, l’époque est beaucoup plus anxiogène, non ? Du coup, ça transpire dans les chansons je crois… Ça reviendra j’espère !
Auriez-vous aimer chanter à une autre époque ?
Non non.
Comment voyez-vous évoluer votre carrière ?
Ah je n’en sais rien… La vie d’artiste !
Vivez-vous de votre musique ?
Oui, et j’anime également des ateliers d’écriture de chansons aux Cours Florent Musique, et je suis comédienne.
Comment se passe vos répétition, avec qui travaillez-vous ?
Avec Malcolm Crespin à la guitare et Arno Hipsta aux clavier/violon/SPD. Et avec Françoise Fognini à la mise en scène.
Avez-vous toujours les mêmes musiciens ?
Oui !
Comment se passe les enregistrement en studio ?
J’ai un home studio, on fait presque tout chez moi. C’est simple, au milieu de la vie, avec les enfants qui débarquent toutes les 5 minutes et des pauses dans le jardin…
Aimez-vous le studio ?
Oui, même si je n’ai pas la patience de Malcolm et d’Arno !
Et les concert ?
Oui, énormément. Dès que je mets les pieds sur un plateaux, toute mon introversion s’envole, j’ai vraiment l’impression d’habiter là. C’est là que je dois être.
Quel rapport avez-vous avec le public ?
Je cherche à aller à sa rencontre au plus proche. J’ai commencé par développer mon projet à travers des concerts en appartement et je continue parce que c’est un moyen de rencontrer vraiment les gens, de voir vraiment ce que leur font mes chansons, de mieux les comprendre même parfois !
Êtes-vous sensible aux remarques des écoutants (je n’aime pas le mot fan) ?
Ah oui beaucoup.
Seriez-vous prête à changer quelque chose suite à une remarque de vos écoutants ?
Je ne sais pas, si la remarque touche quelque chose qui sonne juste en moi, peut-être. Mais on ne peut pas écouter tout le monde, chacun a un avis, et il faut rester connecté à son propre ressenti d’artiste.
Et votre famille, comment réagit-elle à votre talent ?
Ma famille réagit très agréablement à mon projet. Je suis très soutenue. Ils connaissent mes chansons par cœur et viennent presque à chaque concert ! Bon, mes filles en ont un peu marre quand même…
Nous allons parler du très agréable EP et ensuite nous parlerons de votre chanson « J’avais des rêves » signé Michelle. Cela vous va-t-il ainsi ? Vous aimeriez peut-être dire quelque chose avant, ce qui va spoiler toutes mes questions (rire).
Non non, c’est ok comme ça.
"EP Va la vie va: https://ZoeSimpson.lnk.to/
Photo© Marc Obin
Maquillage/coiffure: Miladi Nora
ArtWork: Oko/Zoe Simpson
Ecrit par Zoe Simpson, composé par Malcolm Crespin
Réalisé par Malcolm Crespin
Arrangé par Malcolm Crespin et Arno Affolter
Enregistré par Malcolm Crespin et Ambroise Boret@pfff Studio (Montreuil)
Mixé par Ambroise Boret aux Studios de la Seine (Paris)
Masterisé par Jean Pierre Chalbos @La Source Mastering (Courbevoie)
ZOE SIMPSON Chant & choeurs
MALCOLM CRESPIN Guitares, claviers, percussions, programations, choeurs
ARNO AFFOLTER Claviers, violon, basse, choeurs
Avec la participation de Lou et Lune Crespin
PROMO: Melissa Phulpin "
(Informations Page Facebook de Zoé Simpson, pour le lien voir bas de l'article)
Le titre du EP est « Va, la vie va », il a quelque chose de Michel Fugain (bien que la chanson est loin, à ce que je sache de l’univers du chanteur), je me trompe ?
Il y a peut-être quelque chose de Michel Fugain, je ne sais pas… Mais vous l’avez ressenti comme ça vous, donc, il doit y avoir un lien.
« Va, la vie va » Le refrain est très bien construit au niveau des mots des rimes. Je comprends que vous, enfin le personnage de votre chanson, a fait construire une maison pour quelqu'un en Provence, et qu’elle ira la rejoindre l’été. Mais aussi j’ai l’impression que cette maison a été construite pour un changement dans la vie de la personne qui va y être hébergé. Est-ce que je vois juste, et qui est cette personne, un amant ?
Ça n’est pas exactement ça. C’est une chanson de deuil qui parle de vie.
« Lise » Ce parler chanter nous rappelle un peu Gainsbourg et Lou Reed, qu’en pensez-vous ? Lise, existe-t-elle vraiment ? Cette chanson parle d’une maman qui réfléchi sur le changement de l’enfant qui devient un adulte. Je suis dans le vrai ou complètement à côté de la plaque ?
C’est une chanson d’une fille qui parle à sa mère plus exactement, donc l’inverse ! Gainsbourg est une de mes références en matière de texte et Lou Reed a bercé mes premiers émois musicaux, donc, oui, il doit y avoir un lien.
« Iphigénie » C’est une chanson très grave. Considérez-vous cette chanson comme féministe ? Le violon intensifie le drame et nous ramène à des heures sombres de l’histoire, est-ce voulu ?
Oui c’est une chanson féministe, ou largement, humaniste. Il est question d’humanité quand on parle du sort réservé aux femmes dans les conflits armés. Et la place du violon est évidement bien conscient, il vibre et fait vibrer les cœurs.
« Marche » Est-elle une chanson qui parle de vous ? D'une marche sans repos par peur que tout s’écroule ? Pourquoi sous votre peau ? Êtes-vous très sensible ?
Marche parle probablement de moi mais à travers le portrait que je fais de Gabriela Andersen-Schiess qui a marqué les JO de 1984 par son image et sa marche de fin de marathon, où son corps épuisé semble sur le point de s’écrouler, comme un pantin désarticulé, mais elle tient, debout. Son image s’est imprimée dans mon corps à moi.
Gabriela Andersen-Schiess
Ce ne sont pas des chansons faciles, elles demandent de la réflexion, vous préférer vous exprimer ainsi ?
Ce n’est pas vraiment un choix, pour l’instant c’est comme ça que ça vient et que c’est juste.
La pochette du EP est magnifique et vous montre déterminée à aller jusqu'au bout, c’est cela ? Comme quelqu'un qui se réveille d’une longue léthargie ou d’une peur et qui dit, maintenant je prends ma vie en main, ou maintenant je vais bâtir une maison en Provence ? Ou maintenant je vais marcher pour que rien ne s’écroule ?
Oui, il y a un peu de tout ça dans cette image…
Passons au Clip. D'abord le titre qui m’interpelle : « J’avais des rêves » (Michelle)
« J’avais des rêves » annonce une chanson plutôt triste, mélancolique ? - Qui est Michelle ?
Chacune des chansons de mon album Femmes Debout, qui sort le 2 février, porte un prénom de femme. Pour J’avais des rêves, c’est Michelle, une ultra-moderne solitude de plus. Elle se rend compte que sa vie ne correspond pas aux rêves qu’elle avait, alors elle décide de tout quitter, de partir.
Que pouvez-vous nous dire sur le clip en lui même : son tournage, les idées pour telle prise etc. ?
Oh je pourrais vous en dire beaucoup, la gestation d’un clip est tout un chemin. Je voulais travailler sur une chorégraphie répétitive du quotidien, un enfermement qui empêche l’épanouissement de l’individu.
Vous avez une vision négative du mariage ? Où c’est autre chose, sous une forme du mariage ?
Non pas particulièrement, je ne suis pas très intéressée par la question du mariage, c’est vrai, mais c’est surtout l’idée de ne pas être au bon endroit qui me paraissait intéressante dans ce clip. La confrontation entre « ce qu’on veut que je sois » et « ce que je suis au fond de moi »
L’héroïne s’imaginait un mariage idéal ? Mais elle ne supporte pas cette routine ?
Oui, quelque chose comme ça. En tous cas elle a tout misé sur son mariage et elle passée à côté d’elle-même.
On voit une jeune fille dans le clip, qui est-ce ?
C’est l’idée de Michelle enfant, et des rêves qu’elle avait à cet âge là.
La fin du film laisse songeur, mais finalement n’est-ce pas une poupée qui rêvait ?
Ah ah…Comme vous voulez… Chacun est libre de son interprétation.
C’est peut-être la femme qui à force, se résigne vivant sur ce rêve irréalisé ? Vous abordez deux choses graves et terriblement d’actualité, l’alcool chez les femmes et aussi la prise de médicament. Vous pensez que les femmes ont se problème à cause d’un rêve qui ne restera que rêve ?
Je pense qu’on peut être confronté à ce genre de problèmes, d’addictions si on n’est pas au bon endroit dans sa vie. C’est un moyen de lutter contre ses frustrations peut-être.
Pour terminer notre interview que pouvez-vous dire sur ces cinq femmes ?
Véronique Sanson ? - Barbara ? - Milène Farmer ? - Zaho ? - Edith Piaf ?
De belles artistes et je suis particulièrement touchée par Véronique Sanson pour la force de ses mélodies et de ses propos, par sa liberté, par Barbara pour ses mots si profonds et justes, pour sa mise à nue perpétuelle, et par Edith Piaf, qui me colle des frissons depuis ma toute petite enfance.
Merci Zoé Simpson pour votre patience, et votre disponibilité, votre gentillesse qui caractérise les artistes de talent. Je vous laisse conclure :
Merci à vous de vous intéresser à mon projet ! L’album sera disponible le 2 février. Le compte à rebours est lancé ! Je compte sur vous… 😊 A bientôt.
Page Facebook:
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Ichigo Samuru